Comment faire communauté aujourd’hui?
Donner un ancrage pour la vie
«Je vois trois priorités dans mon travail. Prendre soin de la communauté qui est dans le dernier tiers de sa vie. C’est vraiment là une spécificité de l’EERV. Développer des activités pour les jeunes qui nous sont confiés, leur offrir un ancrage qui les accompagnera pour la vie. Enfin, participer à l’‹aumônerie civile›. C’est-à-dire prendre soin des gens qui, sans être en lien avec l’Eglise, se souviennent de leur ancrage chrétien: ceux qui font appel à nous lors d’un deuil ou d’une naissance. C’est aussi être présent auprès de la société civile: l’accompagner dans ses moments symboliques, participer aux parties officielles des événements locaux…»
Vincent Demaurex, pasteur à la paroisse de Clarens
Les actions communes
«Dans notre paroisse, il y a déjà une communauté qui vit de belles choses. Je veux continuer à co-créer avec elle, car ce qui est fait ensemble est plus pérenne. Nous avons un nombre conséquent de bénévoles que nous impliquons dans la vie de paroisse et du culte. Il faut que celui-ci leur appartienne, qu’ils y aient une place. Lors de notre absence pour maladie, des paroissiens ont pu vivre les cultes que nous avions préparés, même sans nous. Un autre projet qui me tient à coeur, c’est de pouvoir mener des actions écologiques. Pour cela, je suis ambassadrice EcoEglise.»
Christel Hofer, diacre dans la paroisse de Terre Sainte–Céligny
La vie des quartiers
«Je pense qu’il ne faut surtout pas délaisser le ‹traditionnel›: culte dominical, fête de paroisse, moments de méditation, etc. Dans les Eglises, nous avons souvent le regard tourné vers ceux qui ne sont pas là. Il ne faudrait pas que cela nous empêche de prendre soin de ceux qui sont présents! Nous devons en outre offrir notre présence à ceux qui ne savent même pas que nous sommes là! Il faut donc participer à la vie des quartiers. Dans mon mi-temps dédié aux familles, nous avons organisé diverses activités telles que des rallyes pédestres. Cela permet de nouer des liens.»
Christine Amendola (Rumpel), pasteure à la paroisse de Renens
Créer des liens locaux
«Notre paroisse compte quatre lieux de cultes et un centre paroissial, utilisé aussi par des sociétés locales. Mon but est de soigner ce lien, y compris avec les municipalités. Venant de France, cela me réjouit! Je ne suis pas la pasteure des seuls fidèles, mais de toutes et tous. Cela fait écho à la parole de Jésus: ‹Ce que vous faites au plus petit de ceux-ci, c’est à moi que vous le faites.› Au début du conflit en Ukraine, j’ai par exemple lancé l’idée de réaliser mille origamis d’oiseaux pour la paix. Il y a un lien fort entre prier et plier. L’action a reçu un écho au-delà du cercle des fidèles. Faire un geste pour la paix, c’est déjà une forme de prière. Le pouvoir de la prière, j’y crois vraiment!»
Nathalie Monot-Senn, pasteure à la paroisse de Penthalaz-Penthaz-Daillens
Prendre le temps
«Un ministre est amené à revivifier une paroisse, et parfois à accompagner le déclin d’une activité. Il faut prendre un temps pour discerner où l’on souhaite mettre des forces en priorité. Ensuite, d’une manière générale, comme j’ai été enseignant, j’observe que la force et la chance de notre activité, c’est d’avoir du temps pour les autres, pour partager avec les gens. C’est leur temps, d’ailleurs. Nous ne le leur offrons pas; ils choisissent de le partager avec nous. En tant que ministre, il est important pour moi de m’asseoir, d’écouter. C’est aussi ce qui permet d’accéder à la transcendance, de vivre quelque chose qui nous dépasse.»
Lionel Akeret, diacre à la paroisse de l’Aubonne et auprès de l’aumônerie des hôpitaux et cliniques
Adapter son langage
«Je crois que les questions spirituelles concernent tout le monde, et notre société est en demande. L'inclusivité, c’est ouvrir nos horizons, rejoindre les gens là où ils sont. Pour moi, cela passe par la rencontre personnelle. Je suis aussi aumônière en institution spécialisée: je vois bien que certains termes font peur. J’essaye toujours de m’adapter au langage de mon interlocuteur, de comprendre quelle est sa conception de la religion et de réexpliquer les choses, d’ouvrir là où il y a des représentations figées. Le récit ou le jeu sont aussi des outils que j’affectionne.»
Sonia Thuégaz, diacre dans la paroisse de l’Aubonne
Rejoindre les gens au travail
«Pour moi, la vie d’Eglise passe par des offres atteignant les gens indépendamment du lieu où ils habitent: au travail, dans leur région… Cela ne signifie pas abandonner le culte dominical! Mais il ne doit pas constituer le centre de notre activité. La quête de sens est cruciale pour les 30-50 ans. Il faut s’adresser à eux par le biais de la spiritualité, de l’éthique. Concrètement, je fais des célébrations (que je n’appelle pas cultes!) le dimanche à 17h: on se balade, on se retrouve ensuite pour des grillades, et plusieurs ne viennent que pour ça. J’aimerais aussi développer une présence d’écoute dans un business center. Lors de la pause de midi, les gens sont disponibles pour une pause spirituelle.»
Tamara Gasteiner, diacre dans la paroisse de l’Arnon
Soigner ce qui est
«Je crois qu’il faut avant tout soigner ce qui est là, infiniment. Soigner nos relations, prendre le temps de se connaître en profondeur et en authenticité. L’Eglise est riche d’une très grande diversité. Dans chaque lieu d’activité, j’essaye de regarder au Christ: qu’est-ce qui m’est donné, quelles personnes me sont confiées? Ensuite, je pars de leurs envies et besoins. Je suis au service d’une communauté. Enfin, je crois à l’enseignement et à la transmission des connaissances bibliques, fondamentales pour vivre et grandir dans sa foi. C’est une dimension que je ne compte pas abandonner!»
Linda Sibuet, pasteure à la paroisse de Terre Sainte–Céligny
Les futur-es consacré-es parlent de leur «Déclic» en vidéo.