« La bonne conscience de rire, écrivait le poète Georges Haldas, me repose des gens sérieux. » Les fêtes de fin d’année avec la redécouverte de Charlie Chaplin et de sa filmographie ainsi que ce temps de prière universelle qui a pour thème la joie nous invitent au rire et à l’autodérision.

Je songeais ce matin à Charlot dont la réplique de la canne en bambou sur ma table de salon avait été emportée le 1^er janvier par un ami bricoleur pour la réparer. Phénomène de synchronicité, je reçus de sa part un message bienveillant m’invitant à accueillir cet objet symbolique dans l’après-midi. 

Outre un comique de répétition dénonçant la déshumanisation de la société, le fameux coup de pied de Charlot nous invite à ne pas prendre de front les difficultés. Le petit homme les attaque par surprise en leur tournant le dos et s’en libère sans regarder en arrière. Dans Le Pèlerin, Charlot, déguisé en pasteur car il est en cavale, mime l’épisode de David contre Goliath. Après avoir vaincu le géant et lui avoir tranché la tête, il use de ce coup de pied pour s’en débarrasser.

Si les figurants de ce film sont des diacres, des sacristains, des bigotes acariâtres, des quakers psychorigides, Charlot n’est pas anticlérical. Mais il sort d’une certaine conception du sacré. L’office du dimanche mimé devient absurde et déclenche en nous le rire. 

Le moment de la collecte, seul, prend un sens : Charlot vérifie le poids de celle-ci, remercie les paroissiens les plus généreux et fronce les sourcils à l’intention des plus radins.

Enfin, il salue comme un acteur de théâtre son public après le sermon. La seule personne à applaudir est un gamin qui rie à l’histoire de David et Goliath et que sa mère reprend car il est distrait par une mouche…

Chers lecteurs, en ce début d’année, je vous souhaite de trouver dans votre quotidien et dans la prière des sujets de joie et de prendre la liberté de rire dans les difficultés de la vie.