Quarante jours pour questionner
Avant Pâques, chrétiennes et chrétiens vivent au rythme du carême. Il n’y en a pourtant pas deux pour s’accorder sur la manière de vivre ces quarante jours. Entre forte intention pénitentielle et indifférence, les pratiques divergent. Quelle que soit la manière dont on l’aborde, le carême prend place parmi une multitude de tâches à accomplir, à effectuer, à valider. Un point rayé au haut de la liste des choses à faire et en voilà deux qui se rajoutent au bas…
Le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa décrit la fuite en avant, caractéristique de notre société, comme la volonté de rendre le monde et ce qui le compose absolument «disponibles». Cela signifie que nous tentons par tous les moyens de maîtriser, de saisir tout ce qui se présente à nous. Pourtant, selon Rosa, «la vitalité, le contact et l’expérience réelle naissent de la rencontre avec l’indisponible. Un monde qui serait complètement connu, planifié, dominé serait un monde mort»*.
Demandons-nous alors: en refusant dans le désert de rendre disponible tout ce qui lui était proposé, Jésus n’a-t-il pas amorcé une réflexion sur son rapport au monde et sur la manière dont le monde se présentait à lui? Et si nous profitions de ce temps de carême pour faire pareil?
dans le bonheur j’ai peur de l’adversité.
Malheur aux succès d’ici-bas:
ils redoutent l’adversité et leur joie s’évapore.
Et surtout malheur aux adversités d’ici-bas:
elles sont nostalgie de bonheur.
Elles sont bien dures et lassent la patience.
La vie de l’homme sur la terre n’est-elle
qu’une tentation sans fin ?
Guillaume Klauser est pasteur suffragant dans la paroisse du Joran. A 28 ans, c’est dans le canton qui l’a vu naître qu’il découvre la vie pastorale, notamment auprès de la jeunesse, après avoir étudié la théologie à Lausanne et à Strasbourg.