Replacer la vie communautaire dans un chemin spirituel
Elle travaille au chevet des communautés. La Strasbourgeoise Marie-Christine Carayol est d’abord travailleuse sociale. En 2007, avec l’association Par Enchantement, elle lance dans sa ville des projets innovants. L’association défend une approche «bottom-up» (de la base vers le sommet), autour de la notion de «pouvoir d’agir».
Un master en sociologie plus tard, elle se forme en thérapie sociale et, en 2017, voilà Marie-Christine Carayol installée à son compte. Evangélique, elle est par ailleurs impliquée dans les instances de gouvernance de l’Eglise pentecôtiste internationale de Strasbourg (EPIS). «J’avais envie de mettre au service de l’EPIS tout ce que j’avais appris.» Un ouvrage participatif, qui réunit des responsables de différentes confessions chrétiennes et dénominations évangéliques, naîtra sous son impulsion. Coopérer sur la durée dans l’Eglise locale réunit les «leviers, freins, actions et outils» pour faciliter les dynamiques communautaires en Eglise. Depuis, Marie-Christine Carayol accompagne des communautés chrétiennes et évangéliques. Rencontre.
Quels sont les problèmes communautaires les plus fréquents?
La question du changement est compliquée, elle crée des peurs qui se cristallisent en mécanismes de défense. Les visions d’une Eglise idéale peuvent faire naître des tensions. Attendre de l’Eglise qu’elle vienne nourrir des besoins profonds (appartenance, reconnaissance, sécurité, sens) produit beaucoup d’attitudes réactives.
Qui doit changer quoi?
Il me semble que les membres d’une communauté confondent parfois les moyens et la finalité. Les rassemblements, la vie communautaire que l’Eglise suscite sont un moyen d’accéder à Dieu, mais ne sont pas un but en soi. Il faudrait replacer la vie communautaire dans un cheminement spirituel, où l’on apprend.
Avez-vous vu des sursauts positifs?
Pour certaines communautés, le Covid a été une sacrée remise en question. D’autres ne s’en remettront pas. Fréquemment, dans une démarche de remise en question, identifier les problèmes suscite beaucoup de participation et d’enthousiasme. Cependant, quand il s’agit de réaliser les changements, la crainte ressurgit et on repart dans la maintenance de l’existant. Souvent, je vois des gens qui se sont mis en route pour essayer de faire changer une communauté.
Une telle démarche fait-elle sens?
La solitude n’est jamais totale: j’ai créé une communauté pour réunir ces pionniers! Après, il faut reconnaître qu’une communauté ne peut pas aller plus loin que là où ses dirigeants sont capables d’aller, en fonction de la latitude dont ils disposent. Et quand on est dirigé par la peur de disparaître, on prend de mauvaises décisions. Au quotidien, la priorité en communauté est de pouvoir vivre cette espérance, à la hauteur de la manière dont elle est prêchée.
Formation œcuménique, démarrage en septembre 2023, inscriptions ouvertes dès aujourd’hui: www.cret-berard.ch/petites-ecoles.