Parler de ses croyances

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[pas de légende]

Parler de ses croyances

Nadine Manson
7 mai 2023
Diffuculté de parler de sa foi avec la pasteure de Renan et La Ferrière Nadine Manson. Un billet paru dans le Journal du Jura du 6 mai.

Je viens d’acheter le dernier livre d’Eric-Emmanuel Schmitt avec pour titre : « Le défi de Jérusalem ». Ce penseur français issu d’une prestigieuse école normale supérieure, a poursuivi ces études jusqu’à l’agrégation puis le doctorat en philosophie. Il est loin d’être sot. C’est d’ailleurs probablement pour cela qu’il a attendu aussi longtemps pour sortir du bois. Dans certains pays francophones comme la France, philosophie rime avec intelligence. Intelligence rime avec discernement. Discernement rime avec réflexion. Réflexion rime avec athéïsme.

Eric-Emmanuel Schmitt a connu des succès retentissants en francophonie que ce soit dans le monde du théâtre avec des titres tels que « La Nuit de Valognes », « Le Visiteur », « Oscar et la dame en rose », que ce soit en tant que romancier avec « La Part de l’autre », « Ulysse van Bagdad », et tant d’autres nouvelles également.

Eric-Emmanuel Schmitt a attendu d’être traduit en quarante huit langues dans plus de cinquante pays. Il a attendu d’être joué au théâtre par les plus grands acteurs et actrices pour révéler sa foi en Dieu.

Il a attendu. Parce que brillant philosophe français, rompu aux aversions de nombres de ses collègues, il savait que dire sa foi le discréditerait immédiatement aux yeux de la grande majorité des intellectuels, particulièrement en France. Il le dit lui-même : il a choisi de vivre à Bruxelles qui cultive l’optimisme plutôt qu’à qui Paris cultive le pessimisme. Alors qu’en « Nuit de feu », sorti en 2015 raconte sa foi découverte à 28 ans, il a 55 ans. Et il récidive à 63 ans. Devons-nous attendre l’âge mûr, la fin du besoin de reconnaissance, la fin de la peur de déplaire, le dénouement de nos vies pour être et vivre véritablement qui nous sommes.

Eric-Emmanuel Schmitt écrit à présent un cycle de relecture de l’épopée biblique. Son rapport au monde a changé. A la question : « Dieu existe-t-il ? » , il répond ne pas savoir car philosophiquement, il demeure agnostique, unique parti tenable avec la seule raison. Cependant, il ajoute, qu’il croit que oui, Dieu existe. Croire, dit-il, ne clôt pas la vie de l’esprit au contraire, cela l’ouvre. Croire ne supprime ni la réflexion, ni le doute, ni la remise en question. Croire, c’est accomplir le chemin interrogatif avec confiance.