Témoignages

Pasteure, Carolina Costa, goûte à d'autres traditions spirituelles
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Pasteure, Carolina Costa, goûte à d'autres traditions spirituelles

Témoignages

26 septembre 2023
Spiritualités
Q'elles s’inspirent de pratiques issues d’autres traditions pour nourrir leur foi, animent des méditation sonores ou enseignent le shibashi, trois femmes apportent leur regard sur l'apport des autres formes de spiritualité.

La spiritualité par le corps

Carolina Costa, pasteure genevoise enfance et famille ainsi que sur le web, s’inspire de pratiques issues d’autres traditions pour nourrir sa foi.

PARTAGE «J ’ai grandi dans la foi chrétienne avec des cultures, des langues et des confessions différentes, mon père étant italien catholique romain et ma mère danoise luthérienne. Grâce à cette expérience, j’ai toujours considéré naturellement la diversité comme une richesse. C’est une évidence que l’on peut être protestante et goûter à d’autres traditions spirituelles. Elles viennent enrichir la mienne. Mon maître de stage m’a emmenée à une méditation dans un monastère bouddhiste. C’est une philosophie de vie qui n’est pas contraire à la foi chrétienne. J’y puise ma pratique de méditation. Je pratique le yoga en pleine conscience. Cela me permet de vivre ma spiritualité aussi dans mon corps. Dieu est la Source qui nous a donné différents puits pour nous creuser jusqu’à Lui. Comme le disait Jésus: ‹Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père.› Je partage ces pratiques dans mon ministère et je fais régulièrement référence à des auteurs extérieurs au protestantisme. Je n’ai jamais reçu de remarque lors des cultes ou des rencontres que j’anime, bien au contraire. Le silence et l’Amour sont les points de convergence dans toutes les grandes traditions, néanmoins le Christ reste mon maître.»

Anne Buloz

 

 

 

 

La méditation comme prière

Isabelle Gueissaz, directrice du chœur de la paroisse de Haute-Birse (BE), anime des méditations sonores. 

VIBRATION Depuis dix ans, cette chanteuse professionnelle anime des méditations sonores. Durant une heure environ, l’auditeur est invité à un voyage sonore grâce à la vibration de bols népalais en métal, d’autres instruments comme la harpe, ou de la voix. «Je vois une similitude entre la méditation sonore et la prière. La vibration engendrée par les sons ou la voix permet le recueillement, mène à une forme d’intériorisation et comporte une dimension spirituelle, selon les croyances et le cheminement intérieur des gens. La prière est aussi une forme de méditation, de retour à soi. ‹Au commencement était le Verbe›, dit la Bible. Or le verbe est le son, car il ne peut exister sans lui. Autre ressemblance avec la prière des chrétiens, la grande joie et la paix profonde qui règnent souvent dans l’auditoire après une méditation sonore. A la différence toutefois de ce qu’il se passe dans le christianisme et d’autres religions, l’auditeur peut envisager cette méditation pour elle-même, comme un complément à la pratique religieuse, ou simplement comme un émerveillement occasionné par l’ouïe et la détente physique.»

Nathalie Ogi

Shibashi à l’église catholique

Claire-Lise Salzmann propose régulièrement des sessions de shibashi et de prière à la paroisse catholique de Bienne. Version allégée du qi gong, cette pratique est complétée par des apports chrétiens.

ADAPTATION Cela fait maintenant plus de vingt que l’on pratique le shibashi dans le cœur de l’église Saint-Nicolas de Bienne. Les intéressé·es se retrouvent une fois par mois pour pratiquer dix-huit mouvements simples destinés à trouver calme et sérénité. Le shibashi a été développé en Chine dans les années 1970 par un maître qui souhaitait proposer une version simple du qi gong. Lors d’un voyage aux Philippines, une sœur l’a découvert dans les bidonvilles de Manille. Surprise de voir que ses consœurs semblaient toujours en forme, elle s’est intéressée à leur pratique. Dans les années 1990, des théologiennes de Lucerne ont rapporté cette pratique sous nos latitudes en la retravaillant avec des références chrétiennes. «A l’origine, le shibashi relie le ciel à la terre en passant par l’être. Dans la version chrétienne, le vocabulaire change quelque peu, mais les mouvements restent. Avec les pieds bien ancrés dans le présent, on tourne la tête vers le ciel, vers Dieu, pour redescendre vers le cœur.» La chose est très bien accueillie dans la paroisse: «Nous communiquons régulièrement l’activité lors des annonces à la fin des messes, comme une méditation ou une prière. Toutefois, l’aspect chrétien que nous proposons est important.»

Nicolas Meyer