«J’aime l’idée d’un ministère à mains nues»
«Bonjour Diego, bonjour Madeleine.» Consacré en septembre dernier, Samuel Ramuz n’a pas encore formellement amorcé son ministère à Morges, mais en cette fin de mois de septembre, il se réjouit déjà de saluer les participant•es qui prennent part à une rencontre hebdomadaire à la chapelle des Charpentiers. C’est ici, au cœur de la ville, qu’il commence, en octobre, son ministère régional Présence et solidarité. Un mi-temps que le quadragénaire consacrera aux personnes dans la précarité, qu’elle soit économique ou sociale.
«Je vais reprendre les ‹Rencontres chouettes› créées il y a onze ans par ma collègue Anita Baumann. Ce groupe de parole a permis l’émergence d’une petite communauté qui me tient très à cœur», souligne Samuel Ramuz. «Dans une société très compétitive, la diaconie, c’est la solidarité. Le diacre est là pour rappeler cette mission centrale de l’Eglise qui est de servir, en particulier le plus petit», ajoute le ministre. Un mandat non hiérarchique et dirigé dans les deux sens.
«Les personnes fragilisées nous invitent aussi à être accueilli•es par elles. Elles peuvent également être pour nous des guides spirituel•les ou des passeur•euses d’Evangile.» Le ministre devra d’abord identifier les priorités, se coordonner avec les bénévoles, sa collègue catholique et les associations déjà présentes sur le terrain. Les projets ne manquent pas: «Pourquoi ne pas proposer un café ouvert à toutes et à tous et qui pourrait déboucher sur un accompagnement plus individuel? Ou offrir une présence diaconale dans la rue? J’aime l’idée d’un ministère à mains nues, dans lequel je n’ai rien à offrir si ce n’est une présence et une écoute.»
La vocation comme un héritage
Pour ce père de deux enfants de 3 et 6 ans, la découverte de sa vocation a été le fruit d’un «long mûrissement». «Petit à petit, ce ministère de diacre est devenu pour moi une évidence, que je mets en relation avec la maladie et le décès de mon père.» Comme une forme d’héritage reçu de cet homme de liens, soucieux de se mettre à l’écoute des autres. «Chacun à sa manière, mes deux parents ont joué un rôle dans la découverte de ma vocation. Mais il y a eu également des pasteurs que j’ai côtoyés, des livres, dont ceux du théologien catholique Etienne Grieu ou encore de Martin Luther.»
Sa suffragance, Samuel Ramuz l’a faite dans la paroisse du Pied du Jura, où il célèbre toujours des cultes, des baptêmes et des services funèbres. Ici encore, le diacre est sensible au lien avec les paroissien•nes, aime les accompagner dans leur deuil et se mettre à l’écoute des familles. Il comprend bien les gens du terroir, étant lui-même issu de familles paysannes, et compte plusieurs agriculteurs parmi ses ouailles. Ancien journaliste de l’agence Protestinfo, puis un temps communicant au sein de l’ensemble hospitalier de La Côte, cet homme multitâche rédige par ailleurs le journal de paroisse. Parmi les points négatifs de son métier, Samuel Ramuz relève la dimension solitaire du ministère paroissial qui lui a un peu pesé. «J’aime la collaboration, le travail d’équipe, construire des projets.» Son engagement au Synode, au seuil de cette législature de changements, lui permettra d’endosser un rôle de facilitateur qu’il affectionne particulièrement, entre travail synodal et réalité de terrain.