Thomas Römer futur docteur honoris causa de l’Université de Tel-Aviv

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Thomas Römer futur docteur honoris causa de l’Université de Tel-Aviv

16 avril 2015
Après Bill Clinton (en 2002) et Angela Merkel (en 2011), c’est au tour de Thomas Römer de se voir décerner un doctorat honoris causa de l’Université de Tel-Aviv. Professeur d’Ancien Testament à l’Université de Lausanne et de milieux bibliques au Collège de France, il recevra ce titre prestigieux le 14 mai prochain. Rencontre.

Propos recueillis par Joël Burri

Vous avez beaucoup travaillé sur les origines du monothéisme. Vos recherches sont-elles perçues de façon différente dans une université baignée par la culture chrétienne comme Paris et Lausanne que dans une université où la culture dominante est juive, comme à Tel-Aviv?

En fait, je pense que l’Université de Tel-Aviv a des méthodes de travail très proches de celles de nos universités. Ce n’est pas du tout une université avec une idéologie religieuse. Par contre, jamais je n’aurais reçu un doctorat honoris causa de Jérusalem!

Ce qui change vraiment entre Lausanne et Tel-Aviv, c’est qu’en Israël, ils sont à côté des sites historiques. Alors, assez logiquement ils accordent une place plus importante à l’archéologie. Finalement entre Lausanne et Tel-Aviv, il n’y a pas une idéologie différente, mais une complémentarité. Ils travaillent beaucoup avec l’archéologie alors que nous recourons davantage à des outils linguistiques et de travail sur le texte.

Il y a donc des collaborations?

Oui, j’ai moi-même été invité pour donner un cours en 2013, et un accord d’échange a été signé entre les deux universités. Je pense d’ailleurs que ce doctorat honoris causa récompense aussi un peu cela. N’empêche que je suis très touché de recevoir cette distinction qui m’est attribuée par des gens que j’apprécie beaucoup.

Grâce à cette collaboration, j’ai aussi pu me rendre sur les sites archéologiques. Bon, je ne suis pas très sportif alors je ne suis pas allé partout et surtout je ne voulais pas m’improviser archéologue. N’empêche que c’est bien de se rendre compte de la matérialité des choses. Nous avons d’ailleurs soumis un projet au Fond national de la recherche scientifique pour mettre en place une collaboration entre archéologie et sciences bibliques.

Est-ce que cette sensibilisation à l’archéologie a changé votre façon de travailler?

Maintenant, je suis plus attentif à lire ce que disent les archéologues quand je travaille sur un texte où est mentionné un nom de lieu. Par exemple, il arrive parfois que le texte mentionne une localité qui n’existe plus au moment de la rédaction. Ce n’est pas anodin.

Mais j’ai aussi conscience que l’archéologie –comme les outils linguistiques, d’ailleurs– nécessite un travail d’interprétation. On ne peut pas se contenter de: «l’archéologie dit que...», parfois il faut aussi remettre en question ses résultats.