«Notre société compense souvent le stress par la consommation»
«Qu’est-ce qui ne coûte rien et qui vous rend riche?», interroge le papillon de votre événement. Quelle est votre réponse à cette question?
Offrir vous rend riche, par exemple. Les cadeaux ne doivent pas forcément être chers. Nous essayons de faire des propositions concrètes à l’approche des fêtes de dons qui ne repose pas sur des achats. Par exemple du temps que vous donnez en allant rendre visite à votre grand-mère.
Et vous, y a-t-il des biens de consommation auxquels vous pourriez renoncer, mais vous ne le faites pas?
Ma faiblesse est un certain besoin esthétique. J’aime acheter des cosmétiques ou des fleurs pour rendre ma maison plus belle. Cependant, dans les deux cas, je fais attention à l’origine des produits. J’admire les gens qui parviennent à réduire leurs achats au strict minimum. Certaines personnes parviennent à réduire leurs possessions à seulement quelques centaines d’objets. Moi, j’ai plein de choses dont je n’ai pas besoin.
Que conseillez-vous aux gens qui aiment faire du shopping pour «se gâter»?
Avec notre action, nous voulons montrer que, dans notre société, le stress est souvent compensé par la consommation. Lors de la journée sans achat de l’année passée, quelqu’un a écrit: «mieux vaut aller à la plage à vélo, qu’en Porsche au boulot!» Voilà quelque chose que nous voulons aborder: comment aborder le monde du travail pour que nous n’ayons pas besoin de la consommation pour compenser le stress?
Durant le «Chouf-nüt-Tag», vous proposez un programme d’activités alternatives. C’est gratuit, mais quelqu’un a bien dû payer pour mettre tout cela sur pied. Cela ne contredit-il pas le sens de l’ensemble?
Nous n’offrons pas de divertissement, mais un programme de sensibilisation ludique. Bien sûr, nous avons dû travailler pour cela et payer l’impression des documents distribués. Cependant, notre propos n’est pas de dire qu’il ne faut rien acheter, mais nous voulons sensibiliser les gens sur les habitudes de consommation dans notre société et sur les méthodes de production et de distribution qu’elles impliquent.
Comment est née l’idée du Chouf-nüt-Tag?
Nous participons à la journée internationale «Buy Nothing Day». La journée mondiale sans achat est née au Canada en réponse au Black Friday, ce jour des prétendues bonnes affaires de la fin novembre. Tout n’est pas forcément moins cher ce jour-là et beaucoup d’achats ne se seraient pas faits sans «aubaines» commerciales. La journée sans achat est une réaction visible à cet événement de consommation grossière. «Journée sans achat» est un anti-slogan provocateur. C’est aussi une bonne période pour nous pour mener ce genre d’action: le «black-friday» commence à exister en Suisse, et de toute façon cette période correspond au début de la grande période de shopping débridé de décembre.
Qui se soucie d’une journée sans achat? Les participants ne sont-ils pas déjà des consommateurs sensibilisés?
C’est vrai. Mais l’année dernière, j’ai été stupéfaite du nombre de personnes qui se sont spontanément engagées dans une conversation et ont écouté nos revendications. Les personnes qui ne sont pas intéressées par le sujet ne sont pas obligées de s’arrêter devant notre stand.
Le Chouf-nüt-Tag a lieu pour la septième fois. Comment les gens réagissent-ils? L’action est-elle connue?
Lors des trois premières fois, notre action ne durait que 30 minutes. Depuis, l’événement a pris de l’ampleur, et de plus en plus d’organisations travaillent avec nous: Public Eye, Décroissance, Gmüesgarte et Greenpeace. Ces organisations ont de bons réseaux et diffusent efficacement l’information. Je suis surtout heureuse que de nombreux jeunes participent au Chouf-nüt-Tag avec ces mouvements. La sensibilité à ce thème est également grande chez les jeunes, peut-être même surtout chez les jeunes. Ils sont très engagés.