La Compagnie de la Marelle rend son humanité à Paul

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La Compagnie de la Marelle rend son humanité à Paul

Joël Burri
3 octobre 2014
Autoritaire, misogyne et compliqué, Paul? Le nouveau spectacle de la Compagnie de la Marelle qui vient de débuter sa tournée présente plutôt un Paul passionné, blessé et toujours attaché au bien des jeunes communautés chrétiennes.

Photo: ©Comapgnie de la Marelle

 

Femme d’affaires dynamique et bonne vivante, Lydie déboule dans l’univers de Paul alors en pleine rédaction d’une délicate épitre aux chrétiens de Corinthe. Telle est la trame de «Lydie, Tim, Paul et les autres», le nouveau spectacle de la Compagnie de la Marelle dont la tournée vient de débuter.

Le professeur honoraire de Nouveau Testament de l’Université de Lausanne, Daniel Marguerat, présenté sur l’affiche comme coauteur de cette pièce explique: «L’auteur du texte est Jean Naguel. Cette histoire est le fruit de longues discussions entre nous.» Cette œuvre de fiction est en fait parfaitement ancrée dans ce que la recherche permet de dire de la façon de travailler de Paul. «Pour avoir lu et relu le texte de Jean Naguel, je peux dire qu’à part quelques anachronismes voulus, tels que les hauts talons portés par Lydie, ce qui est dit de la manière dont Paul écrit et de ses liens avec ses collaborateurs est tout à fait sérieux.» Paul, en effet, n’écrivait pas seul ses textes, ils étaient longuement débattus avant d’être rédigés.

«On présente Paul comme un homme doctrinaire, un théologien abstrait. Toutes ces caricatures sont le fruit des lectures du texte au cours de l’histoire de l’Eglise. En fait, oui il lui arrive d’être autoritaire, oui il lui arrive d’être cassant ou compliqué, mais c’est toujours au service de sa communauté!», plaide Daniel Marguerat. Une lecture attentive du texte biblique permet en effet de retrouver les combats, les détresses et les passions de l’auteur.

La Compagnie de la Marelle nous donne ainsi à voir, à Ephèse en 54, un Paul horriblement blessé par les nouvelles qu’il reçoit de la communauté de Corinthe. Bien décidé, dans sa lettre, à leur passer une brossée dont ils se souviendront, l’apôtre est toutefois recadré par son entourage. «Veux-tu vraiment que dans 2000 ans on se souvienne de toi pour cela», tempête Lydie alors que Paul rédige 1 Corinthien 14:34: «il faut que les femmes gardent le silence dans les assemblées.»

Peut-être un peu abstrait pour des personnes qui n’auraient pas un minimum de connaissances bibliques, ce spectacle, plein d’humour permettra aux croyants fidèles de rafraîchir et éclairer d’un jour nouveau la lecture d’un texte délicat du Nouveau Testament.