Le Pérou autorise les avortements thérapeutiques
Photo: Lima
Latinamerica Press/ALC/Protestinfo
Lima – Alors que les avortements thérapeutiques ont été décriminalisés en 1024, aucune procédure pour autoriser cette pratique n’existait jusqu’à maintenant. Des milliers de femmes enceintes sont mortes parce que les médecins et les hôpitaux refusaient de mettre un terme à leur grossesse. L’objectif du protocole est de normaliser la procédure pour mettre un terme à une grossesse «quand il est le seul moyen de sauver la vie de la femme enceinte ou de prévenir contre des complications dangereuses ou létales». Il a été adopté le 29 juin dernier à Lima.
Selon les données du ministère de la Santé, deux femmes meurent chaque jour à cause de complications liées à leur grossesse, à l’accouchement ou à la période post-partum. La probabilité de décès lié à la maternité est deux fois plus élevée pour les femmes dans des régions rurales que urbaines.
Le protocole décrit dix cas qui peuvent nécessiter un avortement thérapeutique: une grossesse extra-utérine, une grossesse molaire, des vomissements incoercibles, un cancer qui nécessite un traitement chirurgical, une radiothérapie ou une chimiothérapie, une insuffisance cardiaque, une grave hypertension artérielle chronique qui pourrait engendrer des lésions cardiaques, un lupus érythémateux disséminé ainsi qu’un diabète sucré avec atteinte pancréatique sévère et insuffisance respiratoire. Les grossesses à la suite de viols et les grossesses invisibles dues à des malformations génétiques, comme dans le cas d’un fœtus anencéphale, ne sont pas prises en compte par le protocole.
Des traitements cruels et inhumainsPourtant, en 2001, des médecins ont refusé de pratiquer un avortement thérapeutique chez Karen Llantoy, âgée de 17 ans, malgré le fait que son bébé était anencéphale. Les médecins l’ont laissée mener se grossesse à terme. «Il n’y avait pas de danger pour la mère», a assuré Max Cardenas, alors directeur de l’Hôpital national Arzobispo Loayza, à Lima, où la jeune femme était traitée. Son cas a été connu par le Comité des Nations Unies pour les droits de l’homme, qui a reconnu en 2005 que Karen Llantoy avait subi un traitement cruel inhumain et dégradant. Le Comité a donc forcé le Pérou à l’indemniser ainsi qu’à prendre des mesures afin que de telles violations ne se reproduisent pas. Cette situation montre la nécessité d’avoir un protocole national pour les avortements thérapeutiques.
Le protocole établit les mesures nécessaires afin d’avoir accès à l’avortement thérapeutique. Elles incluent notamment un diagnostic médical, un pronostique et l’évaluation des risques avec un médecin. La femme doit signer un accord pour avoir accès à l’intervention et l’adresser à un établissement médical. L’établissement réunit ensuite trois médecins, dont un gynécologue, qui auront maximum six jours pour décider s’ils doivent procéder à l’avortement.
Cependant, le ministre de la Santé, Midori de Habich, a précisé, lors de la présentation du protocole, que la patiente peut changer d’avis à tout moment. De son côté, la ministre des femmes et des populations vulnérables, Carmen Omonte, a souligné que ce protocole «rembourse une dette historique envers les femmes de ce pays». «Le protocole fait partie de la politique publique globale de respect des droits sexuels et reproductifs des femmes», a-t-elle ajouté. «Il place le Pérou au même niveau que les autres pays qui ont également pris des mesures pour promouvoir les droits des femmes par rapport aux services de santé». (lv)