À Jérusalem, juifs et musulmans se querellent au sujet des haut-parleurs des mosquées
Par Michele Chabin, Jérusalem (RNS/Protestinter)
Depuis plusieurs années, un contentieux oppose la municipalité de Jérusalem et le clergé musulman au sujet du volume sonore des prières émanant des mosquées de la ville. Début mars, cependant, la querelle s'est intensifiée après que la municipalité a annoncé vouloir contrôler la pollution sonore.
Bien que Jérusalem ne soit pas la seule localité concernée par cette problématique, la question est particulièrement sensible dans cette ville où juifs, musulmans et chrétiens vivent à proximité les uns des autres. Israéliens et Palestiniens revendiquent Jérusalem comme leur capitale.
L'appel du muezzin, diffusé par des haut-parleurs installés sur près de 200 minarets, résonne à travers les collines et les vallées de Jérusalem, y compris au milieu de la nuit, quand le reste de la ville dort.
La création annoncée d'un groupe de travail de la municipalité chargé de mesurer le volume sonore dans les mosquées de la ville a provoqué la colère des principaux responsables musulmans de la ville.
«En Palestine en général, mais surtout à Jérusalem, les mosquées sont les cibles d'une campagne perfide menée par les autorités d'occupation», a déclaré le grand mufti de Jérusalem Muhammad Hussein dans un communiqué du 2 mars, repris par l'agence de presse palestinienne Ma'an. Muhammad Hussein accuse «les autorités d'occupation» de vouloir «éradiquer tous les édifices arabes et palestiniens en Palestine pour les remplacer par des édifices juifs.»
Un porte-parole de la municipalité de Jérusalem a indiqué que la ville reçoit depuis plusieurs années de nombreuses plaintes relatives au volume sonore émanant des mosquées. C'est la raison pour laquelle elle a alloué une enveloppe de 57’000 dollars (environ 50'000 Francs suisses) à un projet pilote de contrôle du bruit, qui doit débuter courant mars. Selon des médias israéliens, les mosquées dont le volume sonore dépasse le niveau autorisé se verront remettre des appareils permettant de réduire le volume.
Moshe Mordechai, habitant du quartier juif d'Armon Hanatziv, qui jouxte deux villages arabes de Jérusalem-Est, affirme que les prières et prédications diffusées depuis les mosquées chaque vendredi au moyen de puissants systèmes de sonorisation sont «assourdissantes». «Je crois en la liberté de religion», souligne Moshe Mordechai. «Mais là, c’est purement et simplement de la pollution sonore.»
(JMP)