Margot Käßmann: «mieux vaut ne pas toucher au Notre Père»
La théologienne Margot Käßmann se déclare opposée à toute modification du Notre Père. «A mes yeux, il faut laisser le Notre Père tel qu’il est. Il remonte véritablement à Jésus lui-même», a écrit l’ancienne présidente du Conseil de l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD) dans une tribune publiée par «Bild am Sonntag». Elle réagissait aux déclarations du pape François qui a critiqué la phrase «Et ne nous soumets pas à la tentation», mercredi 6 décembre dans un entretien à la télévision catholique italienne TV2000. Par le passé, l’EKD avait déjà défendu la traduction actuelle du Notre Père telle qu’elle apparaît dans la Bible de Luther édition 2017.
«Si nous commençons à ouvrir le débat sur d’éventuelles modifications, alors il y aura un nombre infini de demandes, de propositions et de controverses. Laissons plutôt telle qu’elle est l’unique prière commune à toute la chrétienté», argumente Margot Käßmann, qui tiendra encore jusqu’à l’année prochaine le rôle d’ambassadrice de la réforme auprès de l’EKD. «Nous pouvons placer notre foi dans cette prière, comme le font nos pères et nos mères depuis des générations», insiste-t-elle dans sa tribune.
Le pape souhaite des modifications
S’exprimant à la télévision italienne, le pape François a émis des critiques envers le texte allemand de la prière. A en croire le journal «Bild», le souverain pontife défendrait l’idée selon laquelle seul Satan cherche à nous soumettre à la tentation. Ce n’est «pas Dieu qui jette l’homme dans la tentation pour voir ensuite comment il y tombe». Le pape aurait salué la nouvelle formulation imposée il y a peu par l’Eglise française. Dans toutes les messes célébrées en français dans le monde, on récitera à présent «Et ne nous laisse pas entrer en tentation».
Dans la Bible de Luther édition 2017, l’Evangile de Matthieu comme celui de Luc conservent la version «Et ne nous soumets pas à la tentation». «C’est ainsi que nous comptons continuer à l’avenir», a fait savoir l’EKD vendredi sur sa page Facebook. Cette nouvelle édition a été retravaillée à l’occasion du 500e Jubilé de la Réforme. Le théologien Christoph Kähler, qui a dirigé la révision du livre saint, ne croit pas non plus nécessaire de modifier le Notre Père. «[Le texte] est linguistiquement correct, et rédigé en bon allemand», a déclaré cet ancien évêque de l’Eglise de Thuringe au Service de presse protestant (EPD).
La Bible de Luther, la traduction unique en usage au sein de l’Eglise catholique allemande et la Bible réformée de Zurich usent de la même formulation pour ce passage. La lutte avec Dieu sur la question du bien et du mal fait partie intégrante de la théologie chrétienne. «C’est pourquoi, d’un point de vue théologique, je ne changerais rien non plus au Notre Père», poursuit Christoph Kähler. Le Notre Père est considéré comme la première prière chrétienne. Il est récité dans le monde entier et figure dans d’innombrables traductions.