Une «mosquée» ouverte et transparente

© CC Caroline Amberger
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© CC Caroline Amberger

Une «mosquée» ouverte et transparente

7 août 2017
Inauguration
Sur fond de polémique l’association Dituria a organisé au mois mai 2017 une journée portes ouvertes pour inaugurer son nouveau centre culturel et cultuel

«Tous les indicateurs sont au vert: Dituria ce sont des musulmans modérés qui respectent la laïcité et ont une volonté d’ouverture aux autres, il n’y a aucun souci avec cette association sur la commune», a assuré Xavier Magnin, conseiller administratif de la Commune de Plan-les-Ouates lors de la conférence de presse ce 10 mai. Si les médias étaient convoqués dans les nouveaux locaux de l’association à Plan-les-Ouates c’était pour présenter les festivités liées à l’inauguration des lieux, mais la polémique lancée dans un quotidien occupait les esprits. «La communauté albanophone a agi en toute transparence contrairement à certains propos tenus dans la presse», a rectifié l’élu.


Quant aux accusations de laxisme de la part de la commune, Xavier Magnin les balaie: dès le début du projet et vu le caractère religieux de cette association, le conseil administratif s’est renseigné. Toutes les différentes instances consultées, bureau de l’intégration des étrangers, instances cantonales, plateforme interreligieuse ont été unanimes positivement.


Dituria faisant partie de la plateforme interreligieuse de Genève, cette dernière est impliquée dans l’organisation de l’événement. Pour Eric Ackermann, président de la Communauté israélite de Genève, Dituria représente «un merveilleux lieu de vie, de rassemblement et de prière dans la reconnaissance des sensibilités religieuses du canton.»

Pas de rejet marqué de la population

S’il n’y a eu aucune opposition de la part de la population, certains habitants se sont inquiétés des places de parcs. Un souci pratico-pratique concernant le serment du vendredi. Si certains groupuscules s’opposent systématiquement et de façon globale à l’islam, «ce n’est pas le cas à Plan-les-Ouates», souligne Pierre Torri, membre du conseil municipal. Qui confirme: «il n’y a jamais eu de cachoteries!»


L’ancien entrepôt situé au 163 route de Saint-Julien a été racheté en 2015 explique Abdyl Bekteshi, trésorier de Dituria. «Nous étions présents à Vernier depuis 10 ans et nos locaux devenaient trop exigus. Lorsque nous avons soumis cette idée lors de notre assemblée générale de 2014, le projet a été approuvé à l’unanimité. Ce sont des fonds privés provenant de la communauté albanophone qui nous ont permis de réaliser un prêt hypothécaire pour acquérir et rénover le bâtiment». Notre objectif est de créer un lieu de vie qui permette de cultiver la vie spirituelle des musulmanes et musulmans albanophones tant par des activités cultuelles que culturelles a-t-il expliqué lors de la conférence de presse. Organiser des rencontres et des échanges entre les membres de l’association, mais aussi entre les citoyens, produire et favoriser un discours islamique moderne dans le respect des lois et de la laïcité sont autant d’objectifs prioritaires de cette association. Elle assure également un accompagnement pour les nouveaux pratiquants et prévient toute déviation ou radicalisation.


La communauté a participé à la rénovation du bâtiment, des bénévoles sont venus le samedi, ouvriers du bâtiment ou entrepreneurs ayant un savoir-faire mis à contribution de la communauté. «C’est un travail remarquable qui a été effectué» appuie Xavier Magnin.

Des activités culturelles et cultuelles

Le centre est doté d’une cafétéria ouverte au public, d’une bibliothèque et d’une médiathèque ainsi que d’une salle de classe. Des cours de français et d’albanais sont donnés par divers enseignants, dont l’université populaire albanaise. Deux salles de prières pour les femmes et les hommes sont aménagées dans ce lieu qui se veut ouvert à tous. «Les centres culturels et cultuels sont fréquents au sein de la population musulmane», explique Aliu Rihad, imam de la communauté et aumônier. «Lorsqu’il s’agit d’un bâtiment dévolu à la seule prière, c’est une mosquée. Mais il est courant que des activités annexes y soient proposées, dans ce cas les lieux sont plus grands et comprennent des salles de prières comme c’est le cas ici. On les appelle alors centres culturels et cultuels».


«Je me sens Suisse et j’ai la richesse d’une autre culture que je n’oublie pas» explique Adnam Zeneli qui est naturalisé et musulman faisant partie de la 4eme génération à vivre à Genève.