Centre Europe-Tiers Monde (CETIM) à Genève : Plus de 30 ans de résistance au "maldéveloppement" du monde
16 novembre 2004
« Il n’y a pas un monde développé et un monde sous-développé, mais un seul monde maldéveloppé »
Lancé il y a près de 35 ans par des tiers-mondistes à la création du Centre protestant John Knox à Genève, ce slogan résume l’orientation du Centre Europe - Tiers Monde (CETIM), organisation non gouvernementale qui a un statut consultatif au sein des Nations Unies. On y cultive la solidarité avec tous les laissés-pour-compte de la mondialisation ; on y cherche des alternatives susceptibles d’assurer un développement égalitaire et durable. Le point avec Florian Rochat, son directeur. Né de l’effervescence de l’après-mai 68 et des forts sentiments de solidarité tiers-mondiste qui animaient tous ceux qui voulaient croire en un monde nouveau, le Centre Europe-Tiers Monde (CETIM) dont le siège est à Genève, n’a jamais cessé de dénoncer ce qu’il considère comme un « maldéveloppement » dont les dimensions économiques, sociales et écologiques concernent autant les pays du Nord que ceux du Sud : déshumanisation, gaspillage frénétique, exploitation des plus faibles, exclusion des vieux et des sans-travail, destructions écologiques, marchandisation de tous les aspects de la vie, emprise de l’économique sur tous les aspects de la vie, et même business humanitaire concernent en effet aussi bien les pays industrialisés que les pays du Tiers-Monde.
« En adoptant ce néologisme de « maldéveloppement », précise Florian Rochat, le CETIM fait plus que de désigner les liens de dépendance entre développement et sous-développement, pays industriels et pays du Tiers Monde, il s’étend à la société mondialisée régie par un seul système économique à prétention planétaire, le mode de production capitaliste, qui se développe de façon aberrante avec des effets contradictoires, selon qu’on se place au centre ou à la périphérie ».Observatoire des ravages de la mondialisationDès ses débuts, le CETIM se veut l’observatoire privilégié des relations entre l’Europe et les pays en voie de développement. Il entend contribuer au rassemblement des débats critiques qui émanent de la société face aux orientations qui se profilent pour le 21e siècle : il organise des séminaires et édite des publications, plus de 80 à ce jour, toutes engagées. Voici quelques-uns des titres parus : « Des enfants tueurs à gages, « Turquie de rêve, Turquie d’exil », « Déchets toxiques : l’Afrique a faim, v’là nos poubelles », « Quelle paix ? Un débat essentiel au sein des Eglises », « Tourisme et Tiers Monde, un mariage blanc », « Haïti : briser les chaînes » et tour récemment "Via Campesina: une lalternative paysanne à la mondialisation néo-libérale"et MST-Brésil:la construction d'un mouvement social". Le CETIM ne se contente pas de produire des analyses de la situation du monde en voie de globalisation mais relaie les mouvements de résistance et propose des alternatives à la mondialisation, susceptibles d’assurer un développement durable et égalitaire. Statut consultatif à l’ONU Pour donner davantage d’impact à son travail, l’association s’est attachée à obtenir un statut consultatif auprès des Nations Unies, qui lui fut reconnu en 1981. Le CETIM est aujourd'hui la seule ONG d d'origine suisse et de sa catégorie, dédiée à la défense des droits humains. Il se consacre tout spécialement à la promotion des droits économiques, sociaux et culturels ( droit à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, droit au développement. « Nous veillons à ce que les normes s’appliquent aux sociétés multinationales et qu’elles n’échappent pas à leurs obligations environnementales, sociales et civiles ». Le CETIM est particulièrement critique envers les institutions financières et commerciales internationales (FMI, OMC) ainsi que sur le rôle prédominant des multinationales ou transnationales.Analyses prémonitoires « Jamais on n’a produit aussi vite, ni autant, écrivait en 1990 déjà l’un des rédacteurs du CETIM. Les sciences, les techniques ont davantage progressé pendant les cinquante dernières années qu’au cours de tous les siècles précédents. Et pourtant si l’on s’en tient aux statistiques et aux analyses de l’ONU, de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres institutions internationales, jamais les problèmes de pauvreté chronique n’ont frappé tant de populations à travers le monde. Les catastrophes écologiques se multiplient et les mises en garde des scientifiques sont de plus en plus nombreuses : la civilisation actuelle constitue une menace pour la survie même de l’humanité et de la planète ». Prémonitoire . « Nous sommes simplement confortés dans la justesse de nos analyses et de nos orientations de toujours », commente Florian Rochat, mais actuellement les évolutions de l’histoire nous compliquent la tâche d’analyse : le concept de Tiers Monde est de plus en plus remis en cause. A ne considérer que certains indicateurs économiques, il apparaît plus disparate que jamais. Le mouvement des non-alignés n’est plus que l’ombre de lui-même. Avec les flux migratoires et l'apparition rapide de nouveaux riches dans le Sud, le Sud est dans le Nord, aussi bien que le Nord est dans le Sud . Quant à l’Europe des Quinze, elle est en passe de s’élargir à l’Est, ce qui ne va pas manquer d’ajouter à son hétérogénéité en matière de niveaux de vie et de salaire, si ce n’est de cultures politiques ».
« Quel espoir face à la profonde crise dont vous donnez des clés ? ». « La solidarité, répond tout de go Florian Rochat, nous avons tissé de nombreux liens avec des mouvements et les institutions du Sud et établi des collaborations suivies avec des associations sœurs en Europe. Nous appuyons auprès de l’ONU les mouvements de lutte des paysans pour faire reconnaître leurs droits, nous tentons avec nos modestes moyens, de faire prendre conscience qu’il y a une autre mondialisation possible que celle qui est en cours, et qui est à nos yeux génocidaire.
Centre Europe-Tiers Monde, rue Amat 6, 1202 Genève, www.cetim.ch
« En adoptant ce néologisme de « maldéveloppement », précise Florian Rochat, le CETIM fait plus que de désigner les liens de dépendance entre développement et sous-développement, pays industriels et pays du Tiers Monde, il s’étend à la société mondialisée régie par un seul système économique à prétention planétaire, le mode de production capitaliste, qui se développe de façon aberrante avec des effets contradictoires, selon qu’on se place au centre ou à la périphérie ».Observatoire des ravages de la mondialisationDès ses débuts, le CETIM se veut l’observatoire privilégié des relations entre l’Europe et les pays en voie de développement. Il entend contribuer au rassemblement des débats critiques qui émanent de la société face aux orientations qui se profilent pour le 21e siècle : il organise des séminaires et édite des publications, plus de 80 à ce jour, toutes engagées. Voici quelques-uns des titres parus : « Des enfants tueurs à gages, « Turquie de rêve, Turquie d’exil », « Déchets toxiques : l’Afrique a faim, v’là nos poubelles », « Quelle paix ? Un débat essentiel au sein des Eglises », « Tourisme et Tiers Monde, un mariage blanc », « Haïti : briser les chaînes » et tour récemment "Via Campesina: une lalternative paysanne à la mondialisation néo-libérale"et MST-Brésil:la construction d'un mouvement social". Le CETIM ne se contente pas de produire des analyses de la situation du monde en voie de globalisation mais relaie les mouvements de résistance et propose des alternatives à la mondialisation, susceptibles d’assurer un développement durable et égalitaire. Statut consultatif à l’ONU Pour donner davantage d’impact à son travail, l’association s’est attachée à obtenir un statut consultatif auprès des Nations Unies, qui lui fut reconnu en 1981. Le CETIM est aujourd'hui la seule ONG d d'origine suisse et de sa catégorie, dédiée à la défense des droits humains. Il se consacre tout spécialement à la promotion des droits économiques, sociaux et culturels ( droit à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, droit au développement. « Nous veillons à ce que les normes s’appliquent aux sociétés multinationales et qu’elles n’échappent pas à leurs obligations environnementales, sociales et civiles ». Le CETIM est particulièrement critique envers les institutions financières et commerciales internationales (FMI, OMC) ainsi que sur le rôle prédominant des multinationales ou transnationales.Analyses prémonitoires « Jamais on n’a produit aussi vite, ni autant, écrivait en 1990 déjà l’un des rédacteurs du CETIM. Les sciences, les techniques ont davantage progressé pendant les cinquante dernières années qu’au cours de tous les siècles précédents. Et pourtant si l’on s’en tient aux statistiques et aux analyses de l’ONU, de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres institutions internationales, jamais les problèmes de pauvreté chronique n’ont frappé tant de populations à travers le monde. Les catastrophes écologiques se multiplient et les mises en garde des scientifiques sont de plus en plus nombreuses : la civilisation actuelle constitue une menace pour la survie même de l’humanité et de la planète ». Prémonitoire . « Nous sommes simplement confortés dans la justesse de nos analyses et de nos orientations de toujours », commente Florian Rochat, mais actuellement les évolutions de l’histoire nous compliquent la tâche d’analyse : le concept de Tiers Monde est de plus en plus remis en cause. A ne considérer que certains indicateurs économiques, il apparaît plus disparate que jamais. Le mouvement des non-alignés n’est plus que l’ombre de lui-même. Avec les flux migratoires et l'apparition rapide de nouveaux riches dans le Sud, le Sud est dans le Nord, aussi bien que le Nord est dans le Sud . Quant à l’Europe des Quinze, elle est en passe de s’élargir à l’Est, ce qui ne va pas manquer d’ajouter à son hétérogénéité en matière de niveaux de vie et de salaire, si ce n’est de cultures politiques ».
« Quel espoir face à la profonde crise dont vous donnez des clés ? ». « La solidarité, répond tout de go Florian Rochat, nous avons tissé de nombreux liens avec des mouvements et les institutions du Sud et établi des collaborations suivies avec des associations sœurs en Europe. Nous appuyons auprès de l’ONU les mouvements de lutte des paysans pour faire reconnaître leurs droits, nous tentons avec nos modestes moyens, de faire prendre conscience qu’il y a une autre mondialisation possible que celle qui est en cours, et qui est à nos yeux génocidaire.
Centre Europe-Tiers Monde, rue Amat 6, 1202 Genève, www.cetim.ch