Pour la FEPS , avorter reste une question de « liberté responsable »
30 octobre 2001
En matière d’interruption de grossesse, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse se rallie à la solution dite des délais
Loin de considérer l’avortement comme une bonne solution, cette prise de position valide un « compromis démocratique acceptable » qui reconnaît à la femme enceinte sa pleine capacité de décision. Le professeur lausannois Denis Müller a développé un document argumentaire qui se veut une référence éthique et non un ordre de marche. Cette solution pragmatique ne clôt pas les questions éthiques, personnelles et collectives. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) accepte le régime des délais, mais du bout des lèvres. « Ce qui ne revient en rien à banaliser ou à approuver fondamentalement l’avortement», a averti mardi matin lors d’une conférence de presse Thomas Wipf, président du conseil de la FEPS.
Cette prise de position favorable à la modification du code pénal, sur laquelle le peuple se prononcera l’année prochaine, ne constitue pas une surprise (lire notamment l’article no 213 de Protestinfo). En 1997 déjà, les conclusions de l’institut d’éthique sociale de la FEPS allaient dans ce sens : le régime des délais doit être entériné, parce qu’il permet l’interruption légale de grossesse dans un cadre juridique clair, tout en respectant la sphère de la « libre décision personnelle. »
Auteur de l’argumentaire, le professeur d’éthique Denis Müller l’a rappelé. : si L’Evangile peut éclairer et orienter la conscience morale des êtres humains, et en particulier des croyants, la perspective protestante considère qu’il ne le fait jamais en niant leur responsabilité individuelle. Ce que l’enseignant nomme une « liberté responsable » paraît donc une conséquence du Nouveau Testament. Il s’agit donc de « développer une éthique critique, dépassant le conformisme et l’idéologie, une éthique au service des hommes et des femmes ainsi que de la société toute entière. » Ainsi, le régime des délais « représente un compromis pragmatique et démocratique acceptable, dans la mesure où il reconnaît à la femme enceinte sa pleine capacité de décision ; mais où il permet aussi de désigner clairement, par des dispositions juridiques explicites, les zones grises auxquelles notre société est confrontée. »
§Pas de réponse scientifiqueEt si la science de l’embryon aide à comprendre le développement de la vie humaine, elle ne fournit pas de critères décisifs permettant de savoir à partir de quel moment un fœtus serait une personne humaine potentielle, partielle ou pleine. En définitive, donc, un avortement résulte de la décision prise par une femme ou un couple, à l’issu « d’un dilemme éthique qui met en jeu des valeurs souvent contradictoires », et non des connaissances scientifiques ou médicales.
Selon la FEPS, l’approche démocratique de cette réforme de la loi rejoint la vision protestante selon laquelle chaque conscience individuelle doit être pleinement prise en compte et respectée. De plus, le régime des délais permet d’opter pour l’avortement dans certaines conditions très précises, mais n’oblige personne à effectuer ce choix et respecte donc celles et ceux qui rejettent toute interruption de grossesse. La FEPS considère à cet égard que cette « autorisation conditionnelle » de l’avortement ne lèse pas la liberté de conscience de ces opposants à toute forme de libéralisation, évangéliques ou catholiques par exemple. « Ils se voient reconnus dans leur droit démocratique de contester ce choix. Mais rien ne saurait les autoriser à imposer leur conviction à ceux, chrétiens ou non, qui ne partagent pas leur avis. »
Enfin, la Fédération protestante estime que l’on ne doit pas obliger une femme à consulter un conseil psychologique et médical avant de prendre sa décision. En revanche, elle en appelle à la Confédération pour que la mise en place du régime des délais s’accompagne du développement d’un système social de qualité, et d’une vraie politique en faveur des familles.
Cette résolution se veut une référence documentée à l’attention des protestants de Suisse. Elle ne constitue en rien un « ordre de marche » pour les Eglises cantonales, et encore moins un mot d’ordre en vue de la future votation. D’ailleurs, héritage de la Réforme oblige, le conseil de la FEPS sait que son point de vue est loin de faire l’unanimité en son sein. Se prononcer sur cette question demeure également une question de responsabilité personnelle.
Cette prise de position favorable à la modification du code pénal, sur laquelle le peuple se prononcera l’année prochaine, ne constitue pas une surprise (lire notamment l’article no 213 de Protestinfo). En 1997 déjà, les conclusions de l’institut d’éthique sociale de la FEPS allaient dans ce sens : le régime des délais doit être entériné, parce qu’il permet l’interruption légale de grossesse dans un cadre juridique clair, tout en respectant la sphère de la « libre décision personnelle. »
Auteur de l’argumentaire, le professeur d’éthique Denis Müller l’a rappelé. : si L’Evangile peut éclairer et orienter la conscience morale des êtres humains, et en particulier des croyants, la perspective protestante considère qu’il ne le fait jamais en niant leur responsabilité individuelle. Ce que l’enseignant nomme une « liberté responsable » paraît donc une conséquence du Nouveau Testament. Il s’agit donc de « développer une éthique critique, dépassant le conformisme et l’idéologie, une éthique au service des hommes et des femmes ainsi que de la société toute entière. » Ainsi, le régime des délais « représente un compromis pragmatique et démocratique acceptable, dans la mesure où il reconnaît à la femme enceinte sa pleine capacité de décision ; mais où il permet aussi de désigner clairement, par des dispositions juridiques explicites, les zones grises auxquelles notre société est confrontée. »
§Pas de réponse scientifiqueEt si la science de l’embryon aide à comprendre le développement de la vie humaine, elle ne fournit pas de critères décisifs permettant de savoir à partir de quel moment un fœtus serait une personne humaine potentielle, partielle ou pleine. En définitive, donc, un avortement résulte de la décision prise par une femme ou un couple, à l’issu « d’un dilemme éthique qui met en jeu des valeurs souvent contradictoires », et non des connaissances scientifiques ou médicales.
Selon la FEPS, l’approche démocratique de cette réforme de la loi rejoint la vision protestante selon laquelle chaque conscience individuelle doit être pleinement prise en compte et respectée. De plus, le régime des délais permet d’opter pour l’avortement dans certaines conditions très précises, mais n’oblige personne à effectuer ce choix et respecte donc celles et ceux qui rejettent toute interruption de grossesse. La FEPS considère à cet égard que cette « autorisation conditionnelle » de l’avortement ne lèse pas la liberté de conscience de ces opposants à toute forme de libéralisation, évangéliques ou catholiques par exemple. « Ils se voient reconnus dans leur droit démocratique de contester ce choix. Mais rien ne saurait les autoriser à imposer leur conviction à ceux, chrétiens ou non, qui ne partagent pas leur avis. »
Enfin, la Fédération protestante estime que l’on ne doit pas obliger une femme à consulter un conseil psychologique et médical avant de prendre sa décision. En revanche, elle en appelle à la Confédération pour que la mise en place du régime des délais s’accompagne du développement d’un système social de qualité, et d’une vraie politique en faveur des familles.
Cette résolution se veut une référence documentée à l’attention des protestants de Suisse. Elle ne constitue en rien un « ordre de marche » pour les Eglises cantonales, et encore moins un mot d’ordre en vue de la future votation. D’ailleurs, héritage de la Réforme oblige, le conseil de la FEPS sait que son point de vue est loin de faire l’unanimité en son sein. Se prononcer sur cette question demeure également une question de responsabilité personnelle.