L’Institut d’éthique sociale change de cap
14 juin 2001
Davantage de théologie, moins de sociologie pure : La Fédération des églises protestantes de Suisse (FEPS) profite du départ de Roland Campiche, et de sa propre réorganisation, pour donner une nouvelle direction à son Institut
Longtemps menacée, l’existence d’un bureau romand a finalement trouvé grâce auprès de la majorité suisse allemande. Que va devenir l’Institut d’éthique sociale de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) ? Rumeurs et inquiétudes se font jour au moment où son directeur romand, le professeur Roland Campiche, prend sa retraite. Et qu’avec lui, c’est une voix des Eglises et un interlocuteur privilégié des médias, qui s’en va.
« Disons qu’il n’est pas exclu que notre indépendance scientifique et institutionnelle soit remise en question par la FEPS », glisse un universitaire sous couvert de l’anonymat. Dans le bulletin de la Fédération, l’annonce d’une rocade de collaborateur scientifique (Nathalie Narbel remplace Hans Ulrich Germann) laisse en effet perplexe. Il y est en effet précisé que ce mandat est à durée limitée, « jusqu’à ce que la question de l’avenir de l’Institut soit réglée. »
Or plusieurs décisions viennent de tomber. D’abord, l’existence même de la structure ne sera pas remise en cause. « Il n’a d’ailleurs jamais été question qu’elle le soit », souligne Markhus Sahli, chancelier de la FEPS. Voilà qui soulagera certaines craintes, qui se faisaient l’écho de bruits plus inquiétants. La question du maintien de son antenne lausannoise, que dirigeait justement Roland Campiche, occasionne visiblement davantage d’hésitations. Parce qu’elle est liée à la présence de la FEPS en Suisse romande. Et que celle-ci, justement, a failli se regrouper dans ses locaux bernois.
Les délégués francophones ont-ils tempêté ? Toujours est-il qu’ils ont réussi à convaincre le conseil de la FEPS de conserver une présence physique de ce côté-ci de la Sarine, soit à Lausanne, soit à Yverdon. « Je crois que l’important apport du protestantisme romand, même s’il ne représente que 20% de la communauté suisse, a permis d’éviter un regroupement qui aurait été mal compris », explique Paul Schneider, médecin et seul Romand laïc du Conseil de la FEPS.
§Un successeur, mais pas tout de suiteL’aura de Roland Campiche l’a occulté : « A la base, l’Institut d’éthique sociale n’est pas une structure universitaire, il fait partie intégrante de la Fédération », rappelle Markhus Sahli. Voilà qui explique que le successeur de Roland Campiche devra réorienter son travail. Il sera nommé après une petite pause, officiellement pour que la visibilité de son prédécesseur s’estompe un peu. « Nous aimerions en effet que l’Institut se concentre sur une réflexion théologique, que ses prises de position soient visiblement ecclésiales. » Plus de théologie, moins de sociologie : l’étiquette « protestante » de l’Institut devra apparaître clairement.
Pourquoi ? « Lors de sa création y a 30 ans, explique le pasteur Raymond de Rham, vice-président de la FEPS, c’était le seul endroit où l’on s’intéressait à l’éthique sociale. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : il en existe une bonne douzaine. Et plusieurs Eglises cantonales ont aussi créé un poste dans ce domaine. Nous voulons donc renforcer notre collaboration avec ces postes spécialisés ; et demander à l’Institut, pour qu’il conserve sa spécificité, de travailler dans la perspective d’une Eglise réformée. » Reste à ne pas transformer cette réorientation en carcan trop étroit.
« Disons qu’il n’est pas exclu que notre indépendance scientifique et institutionnelle soit remise en question par la FEPS », glisse un universitaire sous couvert de l’anonymat. Dans le bulletin de la Fédération, l’annonce d’une rocade de collaborateur scientifique (Nathalie Narbel remplace Hans Ulrich Germann) laisse en effet perplexe. Il y est en effet précisé que ce mandat est à durée limitée, « jusqu’à ce que la question de l’avenir de l’Institut soit réglée. »
Or plusieurs décisions viennent de tomber. D’abord, l’existence même de la structure ne sera pas remise en cause. « Il n’a d’ailleurs jamais été question qu’elle le soit », souligne Markhus Sahli, chancelier de la FEPS. Voilà qui soulagera certaines craintes, qui se faisaient l’écho de bruits plus inquiétants. La question du maintien de son antenne lausannoise, que dirigeait justement Roland Campiche, occasionne visiblement davantage d’hésitations. Parce qu’elle est liée à la présence de la FEPS en Suisse romande. Et que celle-ci, justement, a failli se regrouper dans ses locaux bernois.
Les délégués francophones ont-ils tempêté ? Toujours est-il qu’ils ont réussi à convaincre le conseil de la FEPS de conserver une présence physique de ce côté-ci de la Sarine, soit à Lausanne, soit à Yverdon. « Je crois que l’important apport du protestantisme romand, même s’il ne représente que 20% de la communauté suisse, a permis d’éviter un regroupement qui aurait été mal compris », explique Paul Schneider, médecin et seul Romand laïc du Conseil de la FEPS.
§Un successeur, mais pas tout de suiteL’aura de Roland Campiche l’a occulté : « A la base, l’Institut d’éthique sociale n’est pas une structure universitaire, il fait partie intégrante de la Fédération », rappelle Markhus Sahli. Voilà qui explique que le successeur de Roland Campiche devra réorienter son travail. Il sera nommé après une petite pause, officiellement pour que la visibilité de son prédécesseur s’estompe un peu. « Nous aimerions en effet que l’Institut se concentre sur une réflexion théologique, que ses prises de position soient visiblement ecclésiales. » Plus de théologie, moins de sociologie : l’étiquette « protestante » de l’Institut devra apparaître clairement.
Pourquoi ? « Lors de sa création y a 30 ans, explique le pasteur Raymond de Rham, vice-président de la FEPS, c’était le seul endroit où l’on s’intéressait à l’éthique sociale. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : il en existe une bonne douzaine. Et plusieurs Eglises cantonales ont aussi créé un poste dans ce domaine. Nous voulons donc renforcer notre collaboration avec ces postes spécialisés ; et demander à l’Institut, pour qu’il conserve sa spécificité, de travailler dans la perspective d’une Eglise réformée. » Reste à ne pas transformer cette réorientation en carcan trop étroit.