Un rapport étrille Glencore
Métaux lourds rejetés dans les rivières, droits humains bafoués et stratégie d’optimisation fiscale lourdement défavorable à la République démocratique du Congo (RDC). Tels sont les grands thèmes abordés dans les rapports successifs publiés en 2011, 2012 et 2014 par Pain pour le prochain et Action de Carême sur les impacts sociaux et environnementaux des filiales dans ce pays d’Afrique du groupe suisse de matière première Glencore. Le quatrième rapport des œuvres d’entraide, publié ce mardi 27 novembre, note quelques améliorations, «Néanmoins, les deux organisations notent que la diligence raisonnable de Glencore en matière de droits humains et de l’environnement est incomplète», insiste leur communiqué de presse.
L’Office québécois de la langue française (OQLF) définit la diligence raisonnable comme le «degré de prudence, d’activité, de réaction et d’attention auquel on peut à bon droit s’attendre de la part d’une personne raisonnable et prudente et dont fait habituellement preuve cette personne raisonnable et prudente face à une situation donnée.»
Poussières et pollution des sols
Si Pain pour le prochain et Action de Carême reconnaissent que des progrès ont été faits autour des mines de cuivre et de cobalt appartenant à Glencore en RDC, notamment en matière de pollution des rivières, les œuvres listent une série de pollutions et d’atteintes aux droits fondamentaux des populations locales. Elles se basent pour cela sur les recherches menée par des partenaires sur place: l’Observatoire africain des ressources naturelles (AFREWATCH) et le Centre d’aide juridico-judicaire (CAJJ); ainsi que sur des visites de délégués suisses.
Les pollutions des sols, mettant en danger l’accès à l’alimentation des populations avoisinant les mines; les poussières provoquant de nombreuses maladies respiratoires et les lacunes dans l’information transmise aux populations ne sont que quelques exemples des dysfonctionnements constatés. «En outre, dans certains cas, le groupe n’a pas reconnu sa responsabilité initiale pour les problèmes liés à l’environnement et aux droits humains et n’a entrepris des améliorations que sous la pression continue des organisations partenaires locales de Pain pour le prochain et Action de Carême», souligne encore le communiqué.
Initiative multinationales responsables
Pour toutes ces raisons, les organisations estiment, en appliquant la définition de l’OQLF, que les mesures prises par le groupe suisse n’atteignent pas le degré d’attention auquel l’on peut s’attendre à bon droit de la part d’une entreprise responsable. «Ce cas montre encore une fois que les mesures volontaires des entreprises ne suffisent pas», regrettent les œuvres. «Les problèmes existants sont souvent abordés de manière hésitante et il n’existe pas suffisamment de mesures de prévention pour éviter les cas futurs. Une réglementation contraignante pour les entreprises suisses actives au niveau international, comme l’Initiative pour des multinationales responsables, est donc absolument nécessaire», militent les organisations dans leur communiqué.
«Nous prenons acte du rapport publié par Pain pour le prochain et Action de Carême et sommes déçus que les auteurs aient largement choisi de ne pas faire référence aux informations que nous leur avons fournies à plusieurs reprises», écrit pour sa part Glencore, interpellé par Protestinfo. L’entreprise nous a transmis un extrait en anglais de ce qui est présenté comme sa réponse aux deux œuvres. «Glencore est présent en RDC depuis 2008 et nous nous sommes engagés à aider le pays à atteindre une croissance économique durable. Depuis 2007, nous avons fait des investissements substantiels de plus de 6,5 milliards de dollars pour régler les problèmes hérités du passé et pour accroître et améliorer nos capacités d’exploitation et garantir l’avenir à long terme de nos filiales KCC et MUMI. Les ressortissants congolais occupent la quasi-totalité des emplois dans nos exploitations. Nous soutenons les entreprises locales, fournissons des revenus substantiels aux gouvernements locaux, régionaux et nationaux et contribuons au développement des infrastructures locales. Nos projets d’investissement social soutiennent l’éducation, les programmes d’infrastructure, la santé et l’éducation. dans le domaine de l’eau.»