Ursula von der Leyen, une femme de foi
«Je ressens de l’espoir et de la confiance à Taizé», a confié Ursula von der Leyen le 26 août. «Cela m’a aidée quand j’ai pensé à ma sœur.» La date correspondait en effet à l’anniversaire de la mort de sa petite sœur, Eva-Benita, à 11 ans des suites d’un cancer, alors qu’elle-même n’en avait que 13.
Lors de sa visite les 26 et 27 août 2022 dans cette communauté monastique œcuménique, la présidente de la Commission européenne n’a pas hésité à évoquer des aspects intimes de sa vie lors de son séjour dans le petit village français, où elle a abordé de nombreux sujets. Qu’il s’agisse du changement climatique ou de la guerre en Ukraine, l’Europe est confrontée à des défis majeurs, a-t-elle notamment rappelé. Quatre cent cinquante millions de personnes dans l’Union européenne (UE) vivent dans un État de droit et la prospérité. Mais il y a encore beaucoup à faire.
L’UE, instrument de paix
Les fondateurs de l’UE étaient animés par le désir de paix. Un désir qui motive encore aujourd’hui personnellement la présidente de la haute dirigeante européenne: «L’UE est l’instrument le plus efficace pour garantir la paix dans l’histoire de l’humanité.»
Dans ses discours, Ursula von der Leyen a toutefois évité de désigner nommément Poutine et la Russie, parlant du «Kremlin» en évoquant l’agresseur de l’Ukraine. Pour elle, c’est contre cet agresseur qu’il faut défendre les valeurs et les principes de l’Europe. L’Ukraine peut compter en cela sur l’UE. Car «si l’Ukraine ne se bat plus, il n’y aura plus d’Ukraine», a-t-elle lancé, récoltant des applaudissements fournis. Elle s’est dite confiante que le mal ne l’emporterait pas. L’Ukraine réussira, selon elle, à défendre la démocratie, la liberté et son autodétermination.
«Green New Deal»
La catastrophe écologique a également été l’une des préoccupations évoquée par Ursula von des Leyen. «Nous devons rétablir notre relation avec la planète», a-t-elle lancé, en citant le pape François, qui ne cesse de souligner sa responsabilité envers la Terre Mère. Elle a fait la promotion de son «Green New Deal» en déclarant: «La dépendance aux combustibles fossiles doit prendre fin! La guerre en Ukraine le confirme. Il est maintenant temps de réduire la consommation d’énergie et de miser sur les énergies renouvelables.»
Mère de sept enfants, la présidente de l’UE a aussi fait l’éloge de la jeune génération, envers laquelle elle se sent engagée. Elle a à nouveau cité à ce propos le pape François: «Chaque fois qu’une jeune personne tombe, c’est toute l’humanité qui tombe. Mais quand une jeune personne se relève, c’est le monde entier qui se relève avec elle.»
Un message accueilli avec enthousiasme par les jeunes de Taizé. Ursula von der Leyen rend expressément hommage à l’engagement des jeunes pendant la pandémie et pour les réfugiés d’Ukraine.
«Next Generation Plan»
C’est justement parce que les jeunes regardent vers l’avenir sans crainte qu’ils sont un modèle pour l’UE, a-t-elle ajouté. Et d’évoquer le «Next Generation Plan» et «l’Année de la jeunesse» dans l’UE. Grâce à ces programmes, il existe désormais un salaire minimum pour les jeunes dans l’Union. Chaque jeune devrait pouvoir suivre une formation et le chômage des jeunes appartenir un jour au passé.
S’agissant de sa relation avec Dieu, Ursula von der Leyen a répondu: «Dieu est toujours avec moi». Une foi qui a fait d’elle la personne qu’elle est aujourd’hui, et qui influence aussi sa prise de décisions. La présidente de la Commission européenne est convaincue qu’elle devra un jour répondre de ses actes devant le Juge suprême. Quand, dans sa vie, les problèmes devenaient trop importants, elle se remémorait une citation du pasteur et poète allemand Arno Pötzsch (1900-1956): «Tu ne peux pas tomber plus bas que dans la main de Dieu.»
«Levez-vous pour vos valeurs!»
À Taizé, les jeunes ne sont pas uniquement dans la prière et le recueillement, ils sont également dans les actions concrètes. Ils ont ainsi interpellé de façon critique la responsable européenne. Un groupe a notamment interprété un chant de protestation devant l’église, demandant une action immédiate contre le réchauffement climatique.
À la fin de son séjour à Taizé, Ursula von der Leyen a lancé un appel enflammé aux jeunes: «Levez-vous pour vos valeurs!» Elle les a encouragés à le faire dans leur foi respective, tout en allant à la rencontre des autres religions. La protestante s’est plusieurs fois agenouillée au cours de sa visite, dans l’église, avec les jeunes. Les prières ont été adressées en particulier à Eva-Benita et à l’Ukraine.
Taizé est une communauté monastique œcuménique fondée en 1944 dans le village du même nom (Saône-et-Loire) par le pasteur suisse Roger Schütz.