«Utiliser mes compétences, et que cela ait du sens»

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Bettina Beer
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«Utiliser mes compétences, et que cela ait du sens»

Prendre soin
Oser penser différemment le rapport à son activité: la pasteure Bettina Beer souhaite «utiliser ses compétences, et que cela ait du sens».

Oser penser différemment le rapport à son activité: témoignages

«J’ai de tous temps été très dynamique! J’ai toujours eu plein d’activités, et pas seulement comme ‹consommatrice›, mais aussi dans le rôle de celle qui transmet, qui anime, qui organise», explique la pasteure Bettina Beer.

Aujourd’hui coprésidente des VERT·ES Fribourg, elle est l’auteure d’Un océan de tristesse (Editions Les Trois Colonnes, 2021), livre dans lequel elle témoigne de sa dépression. «Ce que j’ai vécu, ce n’est pas le type de dépression qui nous empêche de sortir du lit pendant des mois», raconte-t-elle. «Etre active a eu un côté plutôt stabilisant et valorisant. Le fait de ‹performer› a été un soutien pendant toutes ces années, un encouragement à tenir bon.

La thérapie que j’ai entreprise alors ne m’a jamais amenée à remettre en cause mon fonctionnement de personne très engagée. Par contre, effectivement, je choisis désormais de manière plus ciblée mes engagements, qu’ils soient professionnels ou dans mon temps libre. Et quand je constate que je donne du temps, de l’énergie, et que je ne reçois rien ou peu en retour, il faut que je change quelque chose, que je

Cette démarche a poussé Bettina Beer à quitter son poste de chargée de relations avec les Eglises au sein de l’Eglise évangélique réformée de Suisse. «La thérapie, ou du moins la réflexion qu’elle a déclenchée, m’a menée à la conclusion que ce poste-là ne me convenait plus parce que je n’en recevais pas assez. C’est assez personnel: pour certains, le salaire suffit probablement comme reconnaissance. Moi, j’ai besoin de me sentir utile, d’avoir l’impression d’utiliser mes compétences, de faire quelque chose qui apporte à la société», énumère la théologienne.

«Aujourd’hui, je suis formatrice ENSA (premiers secours en santé mentale). Donner ces cours, c’est intense: huit heures sur une journée entière avec un groupe qu’on ne connaît pas et sur une thématique qui n’est pas joyeuse. C’est très fatigant mais, en même temps, ça me donne énormément d’énergie!»

Faisant référence à la parabole biblique des talents, la théologienne résume: «La plus grande richesse que j’ai reçue, c’est du temps. Et j’ai besoin de ressentir que je l’investis judicieusement. J’ai par exemple décidé plusieurs fois d’arrêter de lire certains ouvrages, car il y en a tant que j’aimerais lire et que je n’ai pas encore lus», explique-t-elle. «Pour ce qui est de mon livre, aujourd’hui j’ai évolué: je ne m’y reconnais plus totalement. Mais quand je l’ai écrit, au début de ma maladie, c’était une manière de mettre mes compétences au service d’une cause, la sensibilisation à la maladie psychique.»