Une semaine pour célébrer la diversité religieuse
«Accueillir, se faire connaître, expliquer qui on est, c’est l’objectif premier de la Semaine des religions», explique Timothée Reymond, pasteur en charge du dialogue interreligieux dans l’Église réformée du canton de Vaud (EERV) et membre du comité de l’Arzillier-Maison du dialogue, qui organise plusieurs événements durant la Semaine des religions, du 3 au 11 novembre. «Nous favorisons les événements dans lesquels il y a un dialogue entre au moins deux traditions religieuses. L’échange est essentiel entre des représentants de communautés, mais aussi avec le public», insiste Timothée Reymond.
«Aujourd’hui, le défi de l’interreligieux est que le dialogue perdure. Cela passe par le respect et l’intérêt pour l’autre. Il faut donc sensibiliser les gens des communautés et ceux qui n’y sont pas. Si un dialogue entre représentants envoie un signal positif, il n’est pas suffisant. Le dialogue de vie, au travail, au sein d’un club de sport et à l’école est essentiel. Cela doit donc déjà commencer chez les enfants. Sans dialogue, nous sommes mal partis, car il y aura encore des tensions entre les communautés et concernant les différentes pratiques.» Alors que sur le terrain, les communautés ouvrent leur porte, pendant ce temps, sur les murs de l’Espace Arlaud, la diversité religieuse se donne à voir dans l’exposition «Credo».
Clichés de spiritualité
Une pagode vietnamienne à quelques encablures de l’autoroute à Ecublens, des hiéroglyphes gravés dans le mur d’une loge maçonnique, une procession hindouiste tamoule dans une rue de Prilly. Autant de scènes de vie des communautés religieuses présentes dans le canton de Vaud, figées sur la pellicule des étudiants de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et présentées dans le cadre de l’exposition «Credo» à l’Espace Arlaud jusqu’au 11 novembre. Ces photos de dix-sept communautés religieuses remplissent le premier étage du musée. Au rez-de-chaussée, le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) dévoile l’évolution des communautés à travers l’histoire. «L’exposition donne un visage à la pluralité religieuse du canton de Vaud», livre Timothée Reymond.
«Sans parti pris, l’exposition offre un traitement égalitaire aux communautés, alors même que ces dernières ne bénéficient pas des mêmes moyens, ni de la même représentativité numérique», analyse le pasteur. L’objectif de «Credo»: présenter les différentes façons de vivre une spiritualité. Si le pasteur avoue avoir déjà visité bon nombre de ces communautés, il a découvert l’existence de certaines en déambulant dans les salles de l’Espace Arlaud. Conquis par la qualité du travail mené tant par le CIC que par l’ECAL, Timothée Reymond aurait tout de même apprécié une plus grande exposition, présentant plus d’éléments sur les communautés installées en terres vaudoises. «’Credo’ est un flash sur certaines communautés», lâche-t-il. Une exposition, comme une porte d’entrée sur la diversité des croyances, qui tombe à pic dans le contexte actuel. «À l’heure où une frange de la population aimerait réduire toute pratique religieuse à l’intime et au privé, déconnectée de la vie publique, on ne se rend pas compte qu’il y a autant de communautés vivantes. Si l’État est neutre, la réalité vaudoise ne s’inscrit pas dans une laïcité à la genevoise ou à la française», explique Timothée Reymond.
Et les réformés dans tout ça?
Parmi la série de clichés, les réformés trouvent aussi une place. Un couple, dans des vêtements crème, sourit face à l’objectif. Ils font partie de la paroisse de Savigny-Forel. L’image est signée Elisa Ribeiro, étudiante à l’Ecal qui a suivi la vie et les activités de la paroisse et elle y a retenu une dizaine de photos. «Son choix s’est porté sur des portraits de paroissiens, plutôt âgés, beaucoup d’agriculteurs. C’est notre réalité de paroisse à la frontière entre ville et campagne», observe Emmanuel Spring, diacre de la paroisse de Savigny-Forel.
Dans cette galerie de visages, pas de trace du travail mené par les ministres des lieux auprès des familles et de la jeunesse. «Un choix qui m’a d’abord surpris, puisque nous menons un gros travail auprès de ces personnes. Mais nous sommes dans une période de changement. La photographe s’est centrée sur le culte, en immortalisant notamment des objets symboliques. Son travail reste représentatif de notre paroisse», ajoute Emmanuel Spring. «La photographe montre qu’il y a encore une vie paroissiale. Si elle ne trahit rien, je ne peux pas dire que ce soit représentatif des réformés vaudois. Comment donner une définition de leur pluralité?», ajoute Timothée Reymond.
Au programme
Du 3 au 11 novembre, une centaine de manifestations sont organisées dans toute la Suisse dans le cadre de la Semaine des religions. Une occasion d’ouvrir le dialogue entre les différentes religions et cultures. Au programme, portes ouvertes des communautés, débats et tables rondes notamment. Toutes les infos se trouvent sur le site de l’Association Iras Cotis, qui représente les intérêts des communautés religieuses sur le plan fédéral et organise la Semaine des religions avec différents partenaires.