Historiquement, le canton du Tessin comptait une importante présence catholique romaine. Mais qu’en est-il aujourd’hui? D’après des statistiques de 2021, les personnes déclarées catholiques romaines sont toujours significativement majoritaires: 60,5%, contre 32,9% au niveau national. Viennent ensuite les personnes sans appartenance religieuse (26,3%), les protestants réformés (3,5%) et les autres chrétiens (dont les protestants évangéliques et néo-piétistes – 5,5%), les musulmans (2,2%), les membres d’autres communautés religieuses (0,6%) et les juifs (0,1%). Des communautés protestantes sont présentes de façon continue au Tessin depuis le milieu du XIXe siècle, le statut de droit public est accordé en 1975 à l’Eglise réformée tessinoise.

Mais ces informations basées sur des déclarations sont loin de révéler toute la diversité religieuse du Tessin. Le projet de cartographie mené par le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) utilise une approche «par communauté religieuse», qui permet «de rendre compte d’une diversité qui n’est pas toujours repérable et de mieux comprendre la place des minorités religieuses dans le canton», explique Tatiana Roveri, collaboratrice scientifique du CIC et membre de l’équipe chargée du projet.

Déjà mis en œuvre à Genève (2014) puis sur Vaud (2020), le projet répertorie et cartographie les communautés religieuses dans le canton. «Dans un premier temps, elles sont contactées, répondent à un formulaire en ligne ou à un entretien téléphonique.» Ces données permettent d’identifier la communauté (courant religieux, date d’installation au Tessin, langue∙s parlée∙s…) et de la localiser sur une carte interactive. Un travail encore en cours qui «suscite un intérêt considérable, y compris parmi les organisations faîtières, les plateformes interreligieuses et d’autres acteurs», décrit Tatiana Roveri.

Une seconde phase du projet prévoit l’analyse des données et des entretiens. S’il est trop tôt pour donner des résultats détaillés, quelques tendances générales sont cependant identifiées par le CIC. A ce stade, ce dernier estime qu’environ 500 communautés religieuses ont au moins un lieu de culte au Tessin. Sans surprise, les paroisses catholiques romaines sont nombreuses. Mais on observe aussi une présence considérable de paroisses réformées et de minorités religieuses issues de la migration.

Autre information: la diversité des lieux de culte. Si les communautés chrétiennes historiques se rassemblent dans des édifices religieux, comme dans d’autres cantons, d’autres, en particulier de traditions minoritaires, se réunissent dans d’autres types de lieux (logements, locaux commerciaux…), ou partagent des lieux de culte. La diversité religieuse semble principalement implantée dans les agglomérations urbaines, ce qui s’explique par des raisons d’accessibilité, de socialisation différente en ville, d’hétérogénéité, caractéristique d’une «superdiversité».

La recherche n’a pas encore livré toutes ses pistes: «Elle doit nous permettre de comprendre encore mieux les dynamiques spatiales en matière religieuse», assure le CIC.