Noël, fête d'une famille idéale?

Joël Burri, rédacteur en chef / © DR
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Joël Burri, rédacteur en chef
© DR

Noël, fête d'une famille idéale?

Édito
Édito de Joël Burri

Noël approche, et il est de bon ton de se réjouir, de retrouver son âme d’enfant. En réalité, tout le monde n’aime pas Noël. La tradition séculière en a fait une occasion annuelle d’idéaliser la famille, ce qui rend cette fête insupportable pour celles et ceux qui, justement, n’ont pas une famille idéale. Et, ne nous mentons pas, même lorsque l’on a la chance de retrouver un foyer aimant, cette période porte, chaque année, son lot de frustrations: c’était mieux avant! Cette année, la frustration promet même d’être à son comble puisqu’au moment où j’écris ces lignes, on imagine assez mal une levée des restrictions sanitaires d’ici les fêtes de fin d’année. 

Mais si Noël, c’était mieux avant, c’est aussi parce qu’en une année, on a eu le temps d’oublier le stress des cadeaux de dernière minute, la déception causée par une expérimentation culinaire mal maîtrisée et la fatigue due à cette petite poutse de dernière minute, juste avant l’arrivée des invités. Ne restent, alors, que les souvenirs d’un Noël idéal, célébration de la famille dans les effluves d’épices, du vin chaud partagé à la fin d’un culte – parfois le seul de l’année. 

Car Noël est, en réalité, comme la famille que notre société a largement mise à l’honneur à cette occasion: un concept que tout le monde pense connaître, que tout le monde pense avoir hérité de ses aïeux, et qui, en réalité, ne cesse de se réinventer de génération en génération. Alors, si cette année, Noël est bousculé, ce n’est pas grave: les traditions, les relations familiales, comme tous les éléments constitutifs d’une société humaine, sont refaçonnés au fil des années. Cela peut provoquer un peu de nostalgie, mais c’est bien mieux que l’immobilisme.