Paré de rouge depuis 1998, le bulletin de versement est peu à peu remplacé par sa version blanche avec code QR. Sa disparition est annoncée pour l’automne : la poste accepte au guichet le bulletin de versement rouge et le bulletin de versement avec numéro de référence orange jusqu’au 30 septembre. A cette date, les émetteurs de factures devront obligatoirement être passés au nouveau formulaire blanc doté d’un code-barres à deux dimensions. Le problème, c’est que, outre le changement de couleur et la présence du code, le nouveau formulaire introduit une nouvelle contrainte : les coordonnées du destinataire de paiement doivent obligatoirement figurer. Seuls le montant, le nom de l’expéditeur ou le motif peuvent être complétés à la main. Fini donc de prendre un bulletin vierge à l’entrée de l’office de poste pour faire un don à une organisation après avoir relevé un numéro de compte, sur une affiche, à la radio ou dans les pages de l’agenda régional de Réformés. Si créer un formulaire de paiement est facile – une dizaine de sites tels que www. facture-qr.online proposent ce service souvent gratuitement –, comment assurer la distribution de ces documents?

De quoi inquiéter les trésoriers des paroisses, et ils ne sont pas les seuls: «La disparition des BVR classiques est une thématique qui nous occupe en ce moment, car notre compte postal a toujours été important dans notre communication et pour faciliter la donation», confirme un porte-parole de La Chaîne du Bonheur.

La possibilité d’envoyer de l’argent sans avoir au préalable reçu un formulaire de paiement en bonne et due forme sera-t-elle réservée aux seuls utilisateurs de solutions d’e-banking? «Non, il sera toujours possible de se rendre au guichet et de communiquer sur papier libre un numéro de compte IBAN ou un site internet», promet Luca Burkhalter, spécialiste de l’équipe QR chez Postfinance. «Le ou la buraliste saisira les informations de paiement directement sur le logiciel de traitement sans avoir recours à un formulaire particulier. Et cette opération reste gratuite pour la personne envoyant de l’argent et coûtera au destinataire le même montant que n’importe quel versement au guichet», explique le spécialiste. Des frais qui dépendent du montant versé au guichet et qui pour un bulletin de versement sans numéro de référence débutent à 2 francs. «Cette procédure est également mise en place lorsqu’un bulletin de versement ne peut pas être lu par la machine.» Le géant jaune devrait communiquer prochainement à ce sujet. «Il nous reste quelques détails techniques à régler», justifie Luca Burkhalter, pour qui cette procédure ne devrait pas entraîner de hausse des temps d’attente dans les offices les jours de paiement.

Aujourd’hui, quelque 3,5 millions de bulletins de versement vierges sont distribués chaque année dans les offices de poste. Et chez Postfinance, seuls 20% des paiements sont liés au papier (guichet et ordre de paiement). L’entreprise déclare également que 1,9 million de clients disposent d’un accès e-finance, sa solution de gestion de compte et de paiement par internet, et qu’environ 1 million de personnes utilisent la déclinaison jaune de Twint, l’application facilitant les échanges d’argent entre utilisateurs et les paiements par smartphone.