Le tribunal donne raison à Flavie Bettex
«Le verdict confirme que ce que j’ai fait est juste. C’est un énorme soulagement, mais scandaleux que ce genre de situation puisse arriver», lâche la vaudoise Flavie Bettex, 27 ans, à l’issue de son jugement, mardi 18 septembre. En avril dernier, la jeune femme avait été convoquée par la police, car elle sous-louait un appartement à un migrant débouté soutenu par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). Bilan: une amende de 160 francs, 525 francs de frais de dossier ainsi que 20 jours amende avec sursis. «Je n’ai jamais pensé que je faisais quelque chose d’illégal.» Flavie Bettex porte donc l’affaire devant la justice.
Son audience s’est déroulée, ce mardi, au tribunal de Montbenon, à Lausanne. Le verdict est clair: acquittement et prise en charge de l’intégralité des frais de procédures et d’avocat par l’État. Le ministère public a vingt jours pour faire recours. «C’est la première fois que je défends une affaire de ce type-là. Le ministère public pourra difficilement revenir sur la décision du tribunal», souligne maître Olivier Bigler, avocat de la plaignante.
Une affaire paradoxale
En effet, cette affaire présente un paradoxe: d’un côté l’EVAM soutient le migrant débouté et de l’autre Flavie Bettex est sanctionnée pour lui être venu en aide. Ario*, ami de longue date de Flavie Bettex, a fui l’Iran après avoir été torturé et emprisonné pour des divergences d’opinions politiques. Il est arrivé en Suisse en 2006. Dès lors, il se bat pour obtenir un permis, sans succès. «J’en peux plus. Je suis en Suisse depuis douze ans. Je fais tout pour m’intégrer au mieux», explique-t-il. Ario parle couramment français. Il a effectué des études d’infirmier à la Haute école de santé Vaud (HESAV). En 2016, une pétition a été déposée devant le Grand Conseil qui a donné une réponse négative.
Ario est à l’aide d’urgence. L’EVAM l’a pris en charge. Pour des raisons de santé, - il souffre de crises d’asthme aiguës et de stress post-traumatique -, il ne peut pas être logé en foyer ou dans des abris PC. En janvier 2018, la jeune ergothérapeute lui a donc sous-loué un appartement qu’elle a pris à son nom et l’EVAM payait presque l’intégralité du loyer. Précédemment, Ario avait été hébergé par d’autres personnes.
À l’issue de l’audience, c’est un ouf de soulagement dans la salle. Entre les amis et la famille de Flavie Bettex, un groupe d’Amnesty International avait également fait le déplacement. «C’est peu courant que nous assistions à ce genre de jugement, mais nous avons remarqué une criminalisation croissante de la solidarité. Nous avons donc décidé de nous engager davantage pour cette thématique ici et au niveau international», explique Cyrielle Huguenot, responsable de campagne dans le domaine de la migration pour Amnesty International.
* prénom d’emprunt