«Ce n'est pas une question politique, mais humanitaire»

Richard Gere lors de la conférence de presse à Lampedusa, sur l'Open Arms. / DR / Nev Agencia
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Richard Gere lors de la conférence de presse à Lampedusa, sur l'Open Arms.
DR / Nev Agencia

«Ce n'est pas une question politique, mais humanitaire»

NEV Agenzia / Anne-Sylvie Sprenger
12 août 2019
Lors d’une conférence de presse, samedi matin à Lampedusa, l’acteur Richard Gere a renouvelé son soutien aux activités d’Open Arms et sa reconnaissance envers la Fédération des Églises évangéliques d'Italie (FCEI).

121 femmes, enfants, hommes ainsi que  et membres d’équipage sont toujours en mer, onze jours après avoir été secourus par le navire Open Arms. Samedi matin, l’ONG organisait une conférence de presse à Lampedusa pour faire le point sur la situation.

«Dans la nuit de vendredi à samedi, nous avons secouru un bateau avec 39 personnes à son bord, en coordination avec les autorités maltaises», annonçait alors Riccardo Gatti, chef de mission et président de Open Arms Italy. «Malte nous a dit qu'elle enverrait un patrouilleur, mais à son arrivée, alors que nous nous préparions à opérer le transbordement, la situation a empiré», explique-t-il. «Malte accepte seulement d'amener à terre 39 personnes mais refuse de laisser débarquer les 121 personnes qui sont à bord depuis neuf jours!» s’est-il indigné. «Les naufragés à bord depuis dix jours n’ont pas compris», a continué Oscar Camps, le fondateur de Proactiva Open Arms. «Cette décision des autorités maltaises a provoqué un sérieux problème de sécurité à bord. Le niveau d'anxiété de ces personnes est insoutenable.»

«Toutes victimes de viol»

«Les gouvernements européens sont en train de subvertir le droit et les conventions internationales pour des raisons politiques et économiques», accuse Oscar Camps. Et d’insister: «Aucun décret, aucun code de conduite, aucune amende ne nous empêchera de protéger la vie humaine. Nous ne laisserons aucune vie à la dérive.»

L'acteur et militant des droits de l'homme Richard Gere, qui était monté la veille à bord du remorqueur à la rencontre des naufragés, a alors pris la parole: «Je ne m'intéresse pas à la politique, ce n'est pas une question politique, mais humanitaire. Mon intérêt et celui des volontaires qui sont sur l'Open Arms est juste d'aider d'autres êtres humains en détresse.» Visiblement très ému l’acteur a poursuivi: «À bord, j'ai rencontré des gens extraordinaires, courageux, avec des histoires terribles. Ils viennent de l'enfer. Surtout les femmes, elles ont toutes été victimes de viol. Ces gens sont traités comme des objets, ils sont considérés comme du profit, de l'argent.»

«Une source d’inspiration»

Faisant alors référence aux politiques nationalistes, l’acteur insiste: «Ils veulent nous diviser, mais nous sommes tous interdépendants. J'invite chacun d'entre vous à monter à bord de ces navires, vous ressentirez immédiatement une empathie instinctive. Nous sommes tous des êtres humains et nous pouvons prendre soin les uns des autres.» Et de conclure en «remerciant  Mediterranean Hope (le programme pour les réfugiés et les migrants de la Fédération des Églises évangéliques d’Italie, ndlr.), dont j'ignorais l'extraordinaire travail. Ils ont été une source d'inspiration pour moi et mon fils. Sans leur aide, nous n'aurions pas pu apporter de la nourriture et de l'aide à Open Arms

Le rugbyman Gabriele Rubini (Chef Rubio) était également présent à la conférence: «C'est la politique qui doit cesser d'utiliser les gens. Les solutions sont là, les couloirs humanitaires montrent seulement que la politique préfère détourner l'attention des vrais problèmes du pays.»

Appel au Parlement européen

Dans une lettre adressée lundi 12 août au président du Parlement européen, les Églises protestantes ont réitéré leur disponibilité, déjà exprimée au Gouvernement italien cinq jours auparavant, à accueillir les naufragés à bord du remorqueur dans l’attente d’une solution européenne.

L'Open Arms en est à sa onzième journée en mer avec plus de 160 personnes à son bord. Pendant la nuit de dimanche à lundi, trois immigrants ont été autorisés à débarquer à Malte. Il s’agit d’une femme soupçonnée d'avoir une pneumonie, un homme atteint de tuberculose et une autre femme atteinte d'un cancer du cerveau. Les deux femmes seront transportées par hélicoptère jusqu'à Malte. L'homme, quant à lui, sera transféré sur le territoire italien à bord d'un autre navire.

Proactiva Open Arms, késako?

Proactiva Open Arms est une organisation non gouvernementale qui lutte pour les droits de l'homme en mer. Elle a commencé ses missions de sauvetage en septembre 2015 à Lesbos (Grèce) où elle a secouru un millier de personnes en mer Égée. A l'hiver 2016, elle étend ses missions en Méditerranée centrale, où elle sauve en quatre mois 15’000 vies à bord du voilier Astral. Depuis le début de ses missions en Méditerranée centrale, l’ONG a sauvé 26’500 personnes, dont 5000 à bord de l'Open Arms.

Tout cela grâce aux dons de la société civile. En mai 2018, un accord de partenariat a été signé entre l'ONG et la Fédération des Églises évangéliques en Italie (FCEI). L'accord comprend la participation des opérateurs FCEI aux missions de sauvetage en mer de Proactiva, des initiatives communes de sensibilisation et de communication sur les questions relatives aux migrants, ainsi qu'un engagement financier des FCEI en faveur de ces missions.