Le renouveau d’un mouvement chrétien et féministe
141 ans, et prête pour un nouveau souffle! L’Association vaudoise des Unions chrétiennes féminines (UCF, voir encadré) initie à partir de cet été trois projets visant à permettre aux femmes, chrétiennes ou non, de tisser des liens, et prendre du temps pour soi. Des projets menés en «non-mixité», pour reprendre un terme actuel. Ce qui a d’ailleurs toujours été le cas dans cette association. Mais si ce choix a été fait à l’origine «par défaut», dans une société totalement patriarcale, il est aujourd’hui pleinement assumé. Et ce, dans un souci de sororité et d’empathie. «Les sujets traités ne sont pas forcément féministes ou féminins. Mais on sait très bien que, si l’espace est réservé aux femmes, la parole qui émergera sera différente», résume Irène Collaud, coordinatrice des UCF vaudoises.
Cafés-récits
Le premier des projets est d’ailleurs centré autour de la parole, «centrale pour prendre conscience de soi, faire émerger des sujets profonds». Il s’agit de «Cafés-récits», espaces de discussions autour de thèmes «apportés par l’animatrice» et proposés de manière mensuelle par l’autrice Emmanuelle Ryser (www.emmanuelle-ryser.ch), à Lausanne. «On aimerait que les femmes y viennent avec leur mère, leur sœur, leur fille… pour partager des sujets de vie», explique Irène Collaud. «L’objectif n’est pas de créer un cercle fermé, mais de repartir de zéro à chaque fois, pour que de nouvelles rencontres soient possibles.»
Sorties en forêt
Pour approfondir ces liens, des sorties mensuelles en nature sont aussi organisées, les vendredis de 9h à 16h. C’est «Les Natur ’Elles». Il s’agit autant de reconnecter les participantes à la nature que de les «empouvoirer». «Le lien à la nature entraîne un bien-être physique et psychique. Pourtant, les femmes sont peu nombreuses à connaître ces espaces de ressourcement proches de Lausanne, notamment quand elles ne sont pas originaires du pays. Nous voulons leur apprendre à devenir autonomes dans cet environnement, à s’orienter, prendre confiance en elles…», détaille Irène Collaud. Au menu: balades, cueillettes, cuisine en plein air, «dans un esprit de solidarité, bienveillance de sécurité».
Ressourcement
Enfin, les UCF aimeraient offrir aux femmes qui n’en ont pas les moyens «des week-ends pour se ressourcer, renouer avec son corps et sa féminité». C’est le projet «Bulles natures», dans la Broye vaudoise, du côté d’Avenches. Un coût total de 100 francs permet de partager deux jours de reconnexion à la nature, art-thérapie, yoga, relaxation… A terme, les UCF espèrent que, comme pour d’autres projets, ces initiatives soient reprises par les participantes, et pourquoi pas démultipliées. Avis aux entrepreneures sociales!
Histoire
C’est dès 1875, dans le sillage du mouvement du Réveil, que naissent les premiers groupes vaudois de jeunes filles chrétiennes, qui rejoignent rapidement les Unions chrétiennes de jeunes filles (UCJF), mouvement œcuménique international, puis l’alliance mondiale de la World Young Women’s Christian Association (YWCA). Très actif au début du XXe siècle, le mouvement trouve un nouvel élan à partir des années 1950, développant une série d’activités sociales, puis dans les années 1960, marquées par l’ère des camps de vacances.
Infos: Entrée «Union chrétienne féminine» du Dictionnaire historique de la Suisse.
www.ucfvaud.ch, rubrique «Activités»