«Sapin solidaire», une formule en plein essor
On s’attend à le rencontrer rapidement, pris entre deux rendez-vous. Mais même si l’opération «Sapin solidaire» a rendu son quotidien beaucoup plus sportif, Kevin Bonzon aime «prendre le temps», y compris pour répondre aux questions qui fâchent. Non, il ne voit pas son initiative comme «matérialiste», un reproche qu’on lui a souvent objecté. «Sapin solidaire» permet à des particuliers d’acheter un cadeau à des enfants de familles en difficulté, à partir de vœux émis par ces derniers. Acheter du neuf, plutôt que de réparer ou d’offrir des objets de seconde main, n’est-ce pas encourager une logique consumériste? «On parle de gens qui sont dans la survie, d’enfants qui vivent avec des objets de seconde main toute l’année! J’entends les reproches de consumérisme, mais un enfant suisse, combien de cadeaux neufs aura-t-il à Noël: trois, quatre, cinq? Qui doit véritablement faire un effort? Il faut remettre les choses en place», recadre le jeune pasteur qui en a discuté avec des militants des Verts.
Et visiblement, «Sapin solidaire» a trouvé son public: démarrée à Nyon en 2018, l’initiative a permis à 930 enfants de recevoir un cadeau en 2020, et a déjà essaimé à Vevey. Cette année, elle devrait s’étendre à Morges, Yverdon-les-Bains, Lausanne et peut-être même Neuchâtel. «Sapin solidaire» offre aussi une visibilité bienvenue à l’Eglise réformée: à Lausanne, l’opération est accueillie sur le marché de Noël pour les trois ans à venir, devant l’Eglise Saint-François. Une présence d’un mois, au cœur de la ville, en période de fêtes: la chance est inédite. Mais aussi une sacrée responsabilité: «Il va falloir trouver les bénévoles pour assurer le stand de 11h à 21h dès le 18 novembre», reconnaît Kevin Bonzon, à la tête d’une équipe de 20 personnes et toujours à la recherche d’autres bonnes volontés (voir encadré).
Implication large
A noter que l’opération a une particularité: elle n’est pas portée partout par des paroisses. «A Morges, ce sont des personnes indépendantes de l’Eglise qui ont vu le concept et ont voulu le reproduire. La municipalité, qui a été très enthousiaste, les a encouragées. J’ai cependant demandé que le projet soit ‹labellisé› par l’EERV.» A Neuchâtel, c’est un groupe spécialisé dans la distribution de nourriture qui s’est emparé du projet. A Nyon, c’est l’association locale La Noble Confrérie des pirates de Rive qui lui a dès le départ fourni une aide décisive. Pour le ministre de 34 ans, «Sapin solidaire» est sans conteste une manière de faire Eglise, et celle-ci est tout à fait légitime. «On s’est souvent moqué de moi, en me qualifiant de ‹diacre›, car j’étais très impliqué dans les projets concrets. Mais pour moi, dans une Eglise qui souffre d’un manque de vocations, il est normal que des pasteurs prennent ce rôle et vice versa. Diacres et pasteurs n’ont pas le même rapport au monde, pas la même vision du monde, mais leur mélange est bénéfique!» Ce «mode projet» est aussi «ce qui (me) fait vibrer», reconnaît Kevin Bonzon. Pour lui, «une paroisse a besoin d’être au contact de la population». C’est d’ailleurs en traînant dans les bars de sa ville qu’il a constaté la diversité des questions existentielles et spirituelles des jeunes de Nyon. Et qu’il a eu l’idée de créer un café-débat dans sa cure. Une formule qu’il mûrit encore, mais qui verra probablement le jour après le tourbillon «Sapin solidaire».
Infos
Pour en savoir plus, devenir bénévole : www.sapin-solidaire.eerv.ch, 076 365 79 87, kevin.bonzon@eerv.ch
Dons: CP 12-10109-9, EERV Paroisse de Nyon, 1260 Nyon, mention: Sapin solidaire.