Noël: de l'ombre à la lumière
«À ta mort, la Tristesse a élu domicile dans notre maison. Elle est un peu bizarre, et entre nous soit dit, je crois qu’elle est un peu folle. En fait, j’ai l’impression qu’elle prend notre maison pour un hôtel. À peine le temps de la laisser rentrer malgré moi, et voilà qu’elle s’est incrustée chez nous. Comment ça s’est passé? Mystère. Elle était là, tout simplement: en plein milieu de notre maison, ce chez-nous qui, autrefois, était aussi le tien.»
C’est par ces mots que commence le livre «Lorsque Madame Tristesse a emménagé chez nous». L’ouvrage a été traduit par l’équipe des «Etoiles dans le cœur» et vient de paraître.
Trop souvent, la mort fait irruption dans notre quotidien, bouscule nos vies si bien organisées, questionne nos convictions, interroge nos certitudes. Il s’agit alors de tenir, d’apprendre à être avec cette tristesse, qui menace d’envahir tout l’espace. De l’apprivoiser pour qu’elle arrête d’être un ennemi et puisse ainsi trouver sa place, qui évoluera au fil du temps.
Durant le temps de l’Avent qui s’ouvre à nous, cette cohabitation peut sembler particulièrement délicate. Comment ne pas nous sentir déchirés entre la lumière des bougies qui annoncent la fête et les ombres dessinées par la tristesse?
Parcourons encore un peu le livre «Lorsque Madame Tristesse a emménagé chez nous»: «À toi, je peux le dire: j’ai ressenti la présence de Madame Tristesse comme un fardeau. Mais plus je me suis habituée à elle, plus elle m’a aidée à te garder une place tout au fond de mon cœur. À te trouver une place de choix. À continuer de cheminer avec toi.
Elle a gardé dans sa mémoire les souvenirs de toi jusqu’à ce que j’arrive par moi-même à te retrouver dans ma vie, dans mes relations, dans mes questions, sur mon chemin.
Aujourd’hui, je suis reconnaissante qu’elle se soit installée chez nous, qu’elle ait été insistante au point que j’accepte de lui ouvrir ma porte, et qu’elle m’ait permis d’apprendre à supporter sa présence dans ma vie. Non que cela ait été simple et beau à ses côtés, oh non! Mais elle a été importante. À sa manière, elle m’a offert du temps, que je ne me serais peut-être pas accordé autrement – du temps avec toi, avec nous.» Apprendre à vivre avec nos deuils, nos tristesses, implique de trouver un nouvel équilibre.
À Noël, c’est la Vie qui fait irruption dans notre monde, par la naissance de Jésus. Cette irruption, aussi, bouleverse le monde, bouscule notre équilibre et questionne nos habitudes. Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a envoyé son fils comme témoin de son amour indescriptible. Ce message nous met en mouvement.
Comme nous faisons de la place dans nos maisons pour y installer un sapin ou une crèche à l’approche de Noël, cherchons à faire de la place dans notre intérieur pour y vivre pleinement la joie de nous savoir aimés par Dieu, avec nos souffrances et nos difficultés. Un nouvel équilibre, source de vie, jaillira alors.
Liliane Rudaz, diacre solidarité Région Lausanne – Epalinges
Ressources
Des étoiles dans le coeur, desetoilesdanslecoeur@eerv.ch
Livre «Quand Madame Tristesse a emménagé chez nous» (Anke Keil, éd. OPEC-Olivétan)