Comme quoi...
Il avait traversé une grande partie de la forêt quand, soudain, il vit un carrosse à l’arrêt. Regardant de plus près, il remarqua que ce véhicule en forme de citrouille était celui de Cendrillon: la spécialiste de la mode en matière de chaussures. Elle semblait bien énervée. Son cocher tentait de la faire remonter dans le véhicule.
Remarquant Grincheux, Cendrillon l’appela à l’aide: «Bonjour Monsieur le Nain, pourriez-vous m’aider? J’ai cassé l’un de mes talons et je pense que j’ai une entorse de la cheville.» Grincheux grommela un peu, puis s’approcha pour l’aider à remonter dans son carrosse. Il récupéra quelques petites branches et lui fabriqua une attelle.
Le carrosse repartit bruyamment, Cendrillon fit un petit signe de remerciement, puis le Nain reprit sa route.
A la lisière de la forêt s’étendait un petit verger. Il y poussait de très beaux pommiers, mais les fruits étaient des plus étranges. Certains étaient verts ou bien rouges, tandis que d’autres étaient d’un noir brillant. A coup sûr, il s’agissait du verger de la vieille sorcière, celle qui avait donné une pomme empoisonnée à Blanche-Neige.
Dans le verger, il vit la sorcière toute voûtée, qui avait bien du mal à tendre le bras pour cueillir les plus belles pommes tout en tenant un panier déjà bien lourd.
«Eh, le Nain… Ne viendrais-tu pas m’aider à ramasser mes pommes? Je n’y arriverai pas toute seule…»
Grincheux hésita… C’était tout de même la vieille sorcière.
Il se rappela que la compote que la vieille préparait n’était pas si mauvaise et que s’il voulait continuer de la vendre sur son site internet, il pourrait bien lui donner un petit coup de main.
Grincheux récupéra une vieille échelle laissée dans le verger, la dressa contre un tronc et cueillit quelques kilos de belles pommes rouges pendant que la sorcière se reposait, assise à l’ombre des arbres.
A la fin de la récolte, Grincheux repartit avec de grands remerciements ainsi qu’avec une recette inédite de compote.
La ville n’était plus très loin, la matinée se terminait. Il ne restait à Grincheux qu’à prendre le petit pont de bois pour traverser la rivière. Il s’y engageait lorsqu’il entendit soudain des plaintes: «Oh, mais que vais-je devenir…? Comment rejoindre ma rivière…?»
Grincheux fit demi-tour, descendit le talus qui menait à la rivière, et découvrit celui que l’on appelait le Poisson magique: un poisson aux écailles multicolores et connu pour exaucer les vœux.
«Que t’arrive-t-il donc, grand poisson?» demanda le Nain.
Eh bien, je suis coincé dans les hautes herbes au bord de l’eau. Les fortes pluies ont fait sortir la rivière de son lit. Le niveau a baissé ce matin et je me retrouve ici dans la boue. Peux-tu m’aider à retourner dans l’eau?»
Grincheux prit alors le poisson dans ses bras, pataugea dans la rivière puis le remis dans le courant. Le poisson repartit gaiement tout en le remerciant chaleureusement et en lui offrant un vœu.
Le Nain arriva à la ville, un peu fatigué, les bottes boueuses. L’après-midi était là. Il ne s’était pas ennuyé. Il avait rencontré des gens: «Donner quelques coups de main n’était pas si désagréable après tout…»