François d'Assise: «la forme du saint Evangile»

Statue de François d'Assise à l'Eglise Notre-Dame à Šibenik en Croatie / ©JoJan, CC BY 3.0 Wikimedia Commons
i
Statue de François d'Assise à l'Eglise Notre-Dame à Šibenik en Croatie
©JoJan, CC BY 3.0 Wikimedia Commons

François d'Assise: «la forme du saint Evangile»

Engagement
Vivre selon l’Evangile: c’est le désir du saint d’Assise. Pour donner une forme à cette existence, il choisit de rédiger une règle de vie. Mais n’est-ce pas un légalisme indu?

Parmi les personnages qui ont marqué le Moyen Age chrétien, François d’Assise occupe une place particulière. On sait bien de qui il s’agit: le pauvre, l’ami des lépreux, des loups et des oiseaux, le chantre de frère Soleil, l’initiateur d’un ordre religieux qui a attiré des milliers de frères. C’est aussi le Très-Bas, selon le titre du beau livre que Christian Bobin lui a consacré.

François était une figure radicale de réformateur de l’Eglise, un prédicateur infatigable et l’instigateur d’une forme de vie religieuse appelée à un large rayonnement. Il saura inspirer non seulement ses propres compagnons de vie, mais des générations de chrétiens après lui, et cela dès les années qui ont suivi sa mort. Il représente ainsi l’un des rares exemples de saints dont le témoignage est reçu dans les diverses Eglises d’Orient et d’Occident. La preuve? Des fresques le représentent par exemple dans des églises orthodoxes en Grèce, et plusieurs de ses prières font partie du patrimoine spirituel de paroisses et de groupes protestants.

Personne ne me montra ce que je devais faire, mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre selon la forme du saint Evangile. Alors je fis rédiger un texte en peu de mots bien simples. Quiconque observera ces choses, qu’il soit béni dans le ciel de la bénédiction du Père très haut.
François d'Assise, extrait du Testament (1226)

Vivre à l’exemple de Jésus

On se limitera ici à une seule image: celle de l’homme désireux par son existence tout entière de «vivre selon la forme du saint Evangile». L’expression se trouve dans son Testament, son dernier écrit. La veille de sa mort, en 1226, il y fait le récit des commencements de sa vocation et rend compte brièvement de son évolution au fil des ans. Fils d’un riche marchand, François avait rompu avec sa famille en 1206, à l’âge de 25 ans, pour vivre dans la plus absolue pauvreté. Comme un nombre important de compagnons le rejoint bientôt, il doit organiser son ordre.

Son désir: mener avec eux une vie conforme à l’Evangile, une vie qui ressemble à celle de Jésus.

Pour en décrire les modalités, il choisit de mettre par écrit une règle, «un texte en peu de mots bien simples». Mais n’y a-t-il pas là un risque de fixation et de paralysie, alors que l’esprit de l’Evangile est précisément celui de la liberté? «Vivre selon la forme du saint Evangile», n’est-ce pas une impulsion venant du cœur, une révélation venant de Dieu, dont la tournure exige d’être toujours à nouveau adaptée?

Une règle évangélique

Pour François, rédiger une règle, c’est esquisser une manière de vivre – inspirée de l’Evangile – qui donne un visage à un groupe communautaire. Mais la Règle suprême reste toujours l’Evangile! La règle n’offre qu’un point d’appui. Elle doit toujours être lue en dialogue avec la vie et avec l’Ecriture. Car, sans l'Evangile, impossible d’imaginer une vie authentiquement chrétienne… mais sans ancrage dans la vie, impossible de vivre durablement «selon la forme du saint Evangile». 

Ecologiste avant l’heure

François d’Assise chante la Création dans cette prière (extraits):

«Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil. Par lui tu nous illumines. Il est beau et rayonnant: de toi, Très-Haut, il porte le signe. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles, claires, précieuses et belles. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe.»