Nouvelles vagues
Tous les deux ans, une nouvelle volée de pasteur·e·s et de diacres termine une formation de dix-huit mois prodiguée par l’Office protestant de la formation (OPF). Celle-ci allie stage pratique en paroisse et apports théoriques. La plupart des 19 stagiaires qui ont achevé leur cursus en août dernier en filière pastorale oeuvrent déjà dans différentes paroisses de Suisse romande. Il faut dire qu’ils ont l’embarras du choix pour trouver une place: «Depuis quelques années, nous observons un gros renouvellement. De nombreux pasteurs issus de la génération des baby-boomers arrivent à l’âge de la retraite», précise Didier Halter, directeur de l’OPF. Le phénomène est tel que la relève actuelle ne permet pas de repourvoir tous les postes, malgré les nombreuses diminutions subies ces dernières années. Des ministres venus de l’étranger, viennent renforcer les rangs
Harmonisation romande
Depuis 2015, la formation dispensée par l’OPF est harmonisée sur le plan romand. Les ministres issus des différents cantons romands disposent d’une base commune qui leur permet d’appréhender certaines spécificités cantonales et de les dépasser. Les candidates et candidats au ministère pastoral ont tous achevé une formation en théologie, leur profil a, toutefois, quelque peu changé: «Nous avons une parité homme-femme, voire presque plus de femmes que d’hommes. De plus, nous avons un nombre croissant de candidat·e·s qui se sont lancé•e•s sur le tard. La plupart ont suivi des études de théologie en parallèle d’une autre activité professionnelle, avant de se décider à devenir pasteur», ajoute Didier Halter.
Le directeur de l’OPF espère que leur passage dans son office les aidera à relever les nombreux défis qui les attendent: «Notre but est de former des pasteur·e·s pour aujourd’hui, qui seront encore là demain.» Dernière injonction en date des Églises: former des pasteurs innovants et créatifs. Une mission pas si évidente: «Nous essayons de former des personnes qui auront les moyens de l’être, notamment en les sensibilisant aux enjeux religieux de la société contemporaine et en leur apprenant à avoir une pratique réflexive sur leur métier. Le travail d’équipe, avoir une faculté d’adaptation aux changements et savoir prendre soin de soi figurent également parmi les prérequis pour être innovant», ajoute-t-il.
Apports pandémiques
La prochaine volée pourra bénéficier d’une réflexion en lien avec les nombreuses initiatives d’Églises engendrées par la crise de la Covid-19. «Nous avons vecu plus de changements en quelques mois que durant les dix à vingt dernières années», observe Pierre de Salis, responsable de la formation des pasteurs à l’OPF. Pour lui, les expériences vécues durant cette période offrent de nombreuses impulsions qui pourraient profiter aux futur•e•s pasteur·e·s: «C’est comme si les cartes avaient été rebattues, poussant à la créativité et à l’innovation pour rester en contact avec les gens.»
Ces nouvelles perspectives ont, notamment, permis de toucher des personnes hors du cadre habituel des paroisses. «De manière générale, il est important que les ministres aillent plus à la rencontre des personnes distancées», complète Didier Halter. Un avis partagé par Pierre de Salis, qui note, toutefois, qu’il est important que les offres proposées ne cèdent pas trop facilement à des demandes spirituelles individualistes et gardent un souci communautaire. Il serait également primordial d’aborder des sujets parfois délicats et de ne pas céder au politiquement correct. Il faudra, également, faire attention de ne pas pérenniser certaines activités trop rapidement: «Dans un monde où tout bouge très vite, ce qui paraît être une bonne solution aujourd’hui peut ne pas l’être demain», conclut le formateur.
Ecoutez cet article en audio sur www.reformes.ch/ecoute