Le synode prend en charge les coupes budgétaires
Le Conseil synodal (exécutif) de l’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) a proposé au synode (organe délibérant) réuni mercredi 5 décembre à Montmirail, un budget 2019 présentant un excédent de charges de 800’000 pour un total de charges approchant les 7,7 millions de francs. Le recul du produit de la contribution volontaire et des augmentations de charges sociales absorbent l’essentiel des mesures d’économie structurelles prises l’an passé. Le conseiller synodal en charge des finances, Pierre Bonanomi explique que l’exécutif n’a pas pris les devants en présentant un budget équilibré «parce que nous voulions mener un travail concerté avec le synode.» Pour ce faire, l’exécutif a proposé au synode d’accepter une résolution prévoyant qu’il charge le Conseil synodal de réduire le budget 2019 de 400’000fr. et le budget 2020 de 400’000fr. supplémentaires.
Une stratégie qui n’a pas convaincu l’organe délibérant. «Le rapport du Conseil synodal souhaitait provoquer une étincelle, il a allumé un feu», a dénoncé Johann Robert, rapporteur de la Commission d’examen de la gestion. Rappelant qu’il s’agit du deuxième budget de suite présentant un déficit de cet ordre de grandeur, il a rappelé «l’an passé, l’on nous a dit que c’était un budget exceptionnel, et qu’il ne devait pas se répéter au risque de mettre en danger le capital.»
Finalement, constatant que le Conseil synodal plaçait le synode dans une situation où aucune mesure concrète ne pouvait être prise pour amender le budget, et que le refuser «serait un mauvais signe au moment où le Conseil synodal a besoin de soutien», selon les mots de Johann Robert, le synode a adopté ce budget fortement déficitaire. Mais plutôt que de donner au Conseil synodal un blanc-seing pour procéder à des mesures d’économie, la majorité a choisi d’instaurer une commission synodale de sept à dix membres qui sera avalisée par le bureau d’ici fin janvier.
Érosion des communautés
«La question n’est pas tant d’équilibrer nos budgets que de renforcer nos communautés», a commenté Xavier Paillard qui assistait au débat en tant qu’invité. Il a souligné que les diminutions des contributions étaient le reflet de «l’érosion des communautés dans notre Europe occidentale.» Le président du bureau de la Conférence des Églises réformées romandes et président du Conseil synodal de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud a, par ailleurs souligné la sérénité des débats du Synode de l’EREN, même sur un sujet aussi sensible. «Cela donne plus envie que la véhémence vaudoise qui entache l’image de l’Église jusque dans les médias.»
Lors de la même session, le synode a élu Jacques Péter au Conseil synodal. Cet ancien technicien en radiothérapie de 61 ans avait déjà siégé dans cet organe de 1991 à 2002. Il entrera en fonction en janvier 2019 et occupera un siège laissé vacant depuis plusieurs années.
Principes constitutifs
Le synode a également adopté douze principes constitutifs. Ceux-ci seront le pilier du projet EREN 2023 qui vise à repenser les structures et le fonctionnement de l’Église. L’absence de la mention d’un fonctionnement presbytéro-synodal a fait réagir un délégué, mais le synode a finalement suivi la position d’un autre délégué qui a rétorqué que «le modèle presbytéro-synodal est un modèle qui a fait ses preuves, mais il n’est pas constitutif d’une Église évangélique réformée.» Les délégués se laissent donc la liberté de recourir ou non à ce modèle qui suppose la complémentarité entre les niveaux paroissial et cantonal dans la poursuite des travaux d’EREN 2023.