«Il faut faire évoluer la doctrine. La tradition à l’égard des homosexuels n’est plus supportable», lâche Michel Anquetil invité par Arc-en-ciel, l’association chrétienne neuchâteloise des LGBT+, dans le cadre d’une conférence sur la position de l’Église catholique face au mariage pour tous. Devant une trentaine de personnes, réunies mercredi 20 mars à la bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, ce catholique français pratiquant a présenté son ouvrage «Chrétiens homosexuels en couple, un chemin légitime d’espérance» sorti en 2018.

«Je ne suis pas sur le terrain du militantisme, je propose une réflexion biblique et théologique», affirme-t-il. L’auteur a posé son regard sur certains versets des deux récits de la Création qui figurent dans la Genèse (Gn 1 et Gn 2). Notamment le verset 27 (Gn 1): «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa: mâle et femelle, il les créa.» «Le texte ne définit pas ce qu’est un homme et une femme, il dit “mâle” et “femelle”. L’altérité n’est pas l’opposition de deux natures, mais c’est ce ce qui m’émerveille chaque jour chez l’autre», explique l’auteur. De même que pour Michel Anquetil, la question de la procréation, dans la Bible, signifie «une invitation à répondre à la magnificence de Dieu, être complètement au service de la Création, sans forcément avoir des enfants».

«Les deux récits de la Création se complètent. Ils illustrent le projet de Dieu de faire une créature à son image et qu’elle en rencontre une autre qu’elle peut aimer», explique-t-il. Si les Églises accueillent désormais les personnes homosexuelles, «beaucoup refusent que cela puisse se traduire par une pratique homosexuelle concrète». «L’étreinte charnelle doit tendre à exprimer la délicatesse, la tendresse et viser à la découverte toujours plus grande de l’altérité du partenaire. Pour tous les couples homos ou hétérosexuels, il s’agit d’approfondir le don reçu de Dieu», explique Michel Anquetil.

Également présent lors de cette soirée, Joël Pralong, prêtre depuis près de trente ans et désormais supérieur du séminaire diocésain de Sion, a exprimé sa position sur l’homosexualité. «L’important, c’est la personne. La doctrine de l’Église est le prêt-à-porter, moi je fais du sur mesure. Il y a une profonde tension entre la doctrine et la pastorale dans l’Église catholique. Il s’agit d’aider chaque personne à intégrer sa sexualité de manière épanouissante», explique-t-il. Une tension que déplore Michel Anquetil prônant une évolution de la doctrine. Un point de vue partagé par plusieurs personnes dans le public. «On se sent accueilli comme des chrétiens de seconde zone», déplore une femme. «L’Église est dans un tournant clé, comme ce qu’elle a vécu avec Galilée. Je suis sûr qu’un jour, elle changera sa doctrine par rapport à l’homosexualité», affirme Michel Anquetil.

Arc-en-ciel a organisé ce deuxième événement à la suite d’une conférence donnée par le théologien réformé Pierre Bühler, souhaitant varier les perspectives sur la question de l’homosexualité en Églises. Michel Anquetil est également l’invité de C+H chrétien-ne-s et homosexuel-l-s, ce jeudi 21 mars, à Dialogai, à Genève.