Moment de communion œcuménique et interespèces
Des aboiements à l’arrivée d’un autre chien ou d’un âne, quelques caresses pour l’imposant mouton nez noir, pourtant doux comme un agneau, des discussions entre amis des animaux qui allaient bon train, il y avait de l’ambiance à l’approche de 10h, le samedi 12 septembre à la Loge de la Chaux aux Reussilles (BE). Et lorsque les premières notes de l’accordéon d’Antonio Garcia ont résonné, annonçant le début de cette cinquième célébration religieuse avec les animaux, les bavardages humains se sont fait entendre plus longtemps que les aboiements canins.
Durant la cérémonie, les officiants du culte, la pasteure Françoise Surdez et l’abbé Olivier Jelen, ainsi que leurs invités ont rarement été au cœur des attentions, du moins des humains, tellement il était irrésistible de faire une caresse au hamster ou au lapin ou de répondre aux sollicitations des chiens quémandant une gratouille.
Côté animaux, le calme était étonnant: à croire qu’ils participaient à ce moment de partage. Les moments de chant, par contre, étaient marqués par des cris d’animaux. Peut-être que ces derniers voulaient chanter aussi? Assis sur des bancs disposés en arc de cercle devant une estrade, tous les participants humains n’étaient pas venus avec des animaux. Certains avaient pris une peluche, d’autres tenaient une photo, autant de symboles rappelant un compagnon resté à la maison ou décédé.
Présence divine
Sur l’estrade, l’ «invité d’honneur» de la cérémonie, Philippe Roch, ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, partage sa conception du monde à la fois écologiste et spirituelle: «Il est légitime de prier avec les animaux. Prier, ce n’est pas que des mots, c’est être en présence de la divinité. Les animaux sont en permanence avec le divin.» Dans sa méditation, le biochimiste a également fustigé le matérialisme qui aurait tourné l’humain contre la nature «en réduisant le monde vivant à une machine au sommet de laquelle siège un humain arrogant.» La cérémonie dans son ensemble ouvrait d’ailleurs sur une réflexion dépassant largement le cadre religieux pour questionner le statut de l’animal et le rapport de l’humain à l’écologie.
Après le culte, les participants ont vécu un moment de convivialité autour de la halle de bois construite à quelques centaines de mètres du village, entre forêt et prairies vallonnées. Après avoir été si sages durant plus d’une heure, quelques chiens se sont défoulés en courant autour de la bâtisse, pendant que les humains partageaient un petit apéritif.
Présentez-nous l'animal qui vous accompagne au culte
Uschi Wigger & Bunti de Reconvilier
«C'est mes amours»
A l’entrée de la halle, Gaston (le mouton que l’on devine à l’arrière-plan sur la photo) et Bunti le bélier nez noir du Valais ne passent pas inaperçus. Très calmes, les deux animaux attirent les caresses. Gaston a un an et demi et Bunti a 7 ans. Ils ont l’habitude de se promener en laisse avec leur maîtresse et sont restés bien calmes, couchés près d’elle durant toute la cérémonie. « C’est mes amours, c’est un peu comme mes chiens », rigole Uschi qui élève également deux alpagas et des chats.
Rosette Menossi & Quinette de Moutier
«Je suis venue exprès pour vivre cela»
Rosette a recueilli Quinette il y a trois ou quatre ans alors qu’elle était très malade. Ses précédents propriétaires ont alors accepté de la lui laisser. «Je suis venue exprès pour vivre ce culte dont j’avais entendu parler», explique-t-elle. C’est l’une des premières fois que Quinette se rend dans un lieu avec autant de monde.
Françoise Reist & Aïko de Bellelay
«On ressent de la joie et de l'amitié»
Aïko a deux ans et il est assez sociable avec les autres animaux. Il suit partout Françoise, avec qui il a une relation très forte. «J’aime particulièrement les cultes avec les animaux, j’ai l’impression que l’on a des liens affectifs, que l’on partage quelque chose de particulier entre les personnes qui viennent ici. Lors de ces cultes, on ressent de la joie et de l’amitié.» Françoise s’occupe de trois autres chiens.