Apprentis déboutés: un vote crucial

La bédé Invisible raconte l’histoire d’un jeune migrant débouté à Berne. / © Barbara Yelin / Ursula Yelin 2020
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La bédé Invisible raconte l’histoire d’un jeune migrant débouté à Berne.
© Barbara Yelin / Ursula Yelin 2020

Apprentis déboutés: un vote crucial

MOBILISATION
Des demandeurs d’asile qui ont entamé un apprentissage peuvent-ils le finir s’ils sont débouté·e·s? C’est un oui franc pour le Conseil national. Le vote du Conseil des Etats, attendu en mars, pourrait être moins favorable.

Une coalition assez inédite a soutenu de jeunes demandeurs et demandeuses d’asile courant 2020. Outre des associations de soutien aux migrant·e·s, de nombreux patrons sont montés au créneau, au sein du collectif «Un apprentissage, un avenir». La raison? Autorisé·e·s à démarrer un apprentissage alors que leurs procédures de demande d’asile étaient en cours, ces jeunes apprenti·e·s ont été débouté·e·s. Devant quitter le pays, il leur a fallu interrompre leur formation. Une pétition a recueilli 10 500 signatures et a donné lieu à une motion, déposée au Conseil national. En décembre dernier, celui-ci a approuvé à une très large majorité (129 voix contre 54) l’idée que les jeunes débouté·e·s de l’asile puissent poursuivre et terminer leur formation en Suisse. Problème, la Commission des institutions politiques du Conseil des États s’est depuis prononcée contre. Pour les défenseur·e·s des jeunes migrant·e·s, la partie n’est pas jouée mais le vote de la chambre haute, en mars, s’annonce serré. Précisions.

Combien de jeunes sont concerné·e·s?

Impossible de le savoir selon le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) qui ne tient pas de statistique sur les apprentissages des demandeurs d’asile en cours de procédure. Selon des militants, environ 300 apprenti·e·s seraient concernés rien que pour le canton de Berne. Ils pourraient être «au maximum 1000» dans toute la Suisse. Au total en Suisse, 3852 personnes attendent actuellement une autorisation d’asile.

Pourquoi permettre de démarrer un apprentissage sans garantie de le terminer?

«Certains jeunes étaient en procédures depuis 4, 5 ou 6 ans. Le but était justement de faciliter leur intégration! Plusieurs études ont montré qu’il fallait démarrer les processus d’intégration au plus vite. De gros efforts ont donc été faits pour leur éviter une attente sans activité», explique Jürg Schneider, retraité bernois et membre actif du collectif «Un apprentissage, un avenir». Le SEM souligne quant à lui que «les employeurs savent depuis longtemps qu’ils doivent plutôt attendre pour embaucher les demandeurs d’asile».

Pourquoi les procédures d’examen des dossiers sont-elles si longues?

L’afflux de réfugiés en 2014-2015 a ralenti les procédures. Mais, depuis le printemps 2019, des procédures d’examen accélérées ont été introduites: une décision doit désormais survenir en moins de 140 jours. Cela a été le cas en 2019, où la durée d’attente moyenne était de 49,1 jours. En 2020, avec la pandémie, le délai moyen est passé à 64,8 jours.

Qu’en est-il des jeunes en question?

Attendre une décision d’accueil sans pouvoir travailler est en soi une souffrance psychique. Mais avoir fourni des efforts pour s’intégrer et se retrouver rejeté·e est un choc extrême. Le SEM lui-même reconnaît ces situations comme «inquiétantes». Certains jeunes ont fui la Suisse clandestinement pour se réfugier dans l’Union européenne, d’autres sont encore ici, parfois avec l’accord tacite des autorités. A noter, pointe le SEM, que chaque canton peut déposer une demande exceptionnelle si une personne est bien intégrée. Ce qui impliquerait de nouvelles procédures, au cas par cas. 

Pour en savoir plus

Invisible, bédé d’Ursula Yelin et Barbara Yelin, à découvrir gratuitement en ligne www.cutt.ly/lectureBD, ou à commander (10 fr., prix indicatif) www.cutt.ly/commande-BD. Les bénéfices iront à des associations qui accompagnent des personnes à l’aide d’urgence ou qui aident des jeunes migrants en formation.