Quelques pistes pour prendre soin de son couple
Exprimer ses besoins
Plutôt que de laisser des frustrations masquer tout ce que l’on pouvait apprécier chez l’autre, on devrait «s’imposer un devoir de s’asseoir assez régulièrement», recommande Valérie Mariani-Petignat, thérapeute de couple à Echallens (VD). «Mais pour éviter que ce moment où l’on doit tout pouvoir se dire ne tourne en règlement de compte, il faudrait toujours commencer par un retour positif. Nous sommes ‹câblés› au niveau reptilien de notre cerveau pour capter le négatif. Et l’on est parfois moins sensible au positif. Donc, se dire tout ce qui va pour commencer permet de donner une tournure différente à la conversation, même s’il y a du négatif ensuite.»
«Dans un couple, il est facile d’exprimer des reproches à l’autre. ‹Tu n’as pas fait ceci ou cela›», relate la médiatrice de couple Ida Koppen à Genève. «Mais en reformulant ses attentes inassouvies en besoins, on peut réellement pacifier le débat. Il faudrait donc exprimer ces mêmes manques avec des phrases telles que: j’ai besoin que tu fasses ceci ou cela.»
«C’est un véritable enjeu! Savoir entrer en crise, faire entendre ses besoins et ses insatisfactions », insiste Benoît Reverdin, thérapeute à Genève. «Si l’on refuse de faire face, on va mettre en place une forme de tolérance qui peut mener à de l’indifférence. Et progressivement le couple peut se vider de sa substance.»
Penser à l’entretien
«Lorsque l’on a une voiture, on trouve normal de réaliser régulièrement des services pour l’entretenir», compare la pasteure et thérapeute neuchâteloise Nicole Rochat. Elle organise donc régulièrement des séminaires ou soirées pour couples. «L’amour, c’est quelque chose qui se construit», insiste la pasteure genevoise Carolina Costa. «Pour cela, on a donc besoin d’outils, tels que des livres ou des rencontres!», explique-t-elle. «Et surtout, il ne faut pas avoir peur de requérir de l’aide: c’est une béquille, et une béquille on sait que cela n’est pas fait pour durer.» Nicole Rochat prévient: «Dans une relation, le désenchantement arrive vite. Il ne faut pas se laisser prendre de vitesse!» Elle invite à ne pas attendre pour consacrer du temps à la relation. «On pourrait comparer cet investissement à un placement bancaire, à une différence près: au sein du couple, il y a, à tous les coups, un retour sur investissement! Moins de jeux de pouvoir, davantage de plaisir d’être ensemble, plus de compréhension l’un de l’autre... Toutefois, ce n’est jamais un acquis: comme une plante, il faut la soigner toute sa vie, sinon elle périclite.»
Par ailleurs, la crainte de se dévoiler retient. «Souvent, nous ne sommes appelés qu’une fois qu’un ou une des deux partenaires a pris la décision de se séparer», regrette la pasteure et thérapeute Claudia Bezençon à Lausanne. «Mais rien que le fait de demander une aide extérieure change bien des choses.»
Oser l’humour
«On devrait parfois s’arrêter et se dire que l’on ne va tout de même pas se rejouer la scène 4 de l’acte 3!», plaisante Benoît Reverdin, thérapeute de couple à Genève. «Certains couples se connaissent tellement bien qu’ils savent exactement ce que va répondre leur moitié et comment ils vont enchaîner… Un peu d’humour permet de mettre fin à cet enchaînement déjà bien connu.»
Pimenter, mais pas trop
«Un couple a besoin à la fois de stabilité et de changement», explique Valérie Mariani-Pétignat. «Il faut trouver un équilibre entre le ciment et le piment. Le ciment, c’est la routine qui s’installe dans le couple. Elle va de pair avec un sentiment d’attachement qui se construit au fil des ans. Nous avons besoin du confort de certaines habitudes dans la relation. Mais si l’on s’en contente, on finit par se rendre compte qu’au fil des ans on s’éloigne.» La psychologue explique: «Et puis la question du sens de la relation est bien plus importante que ce que l’on s’imagine. C’est un enjeu de croissance pour le couple.» Une place à garder donc pour les activités différentes permettant de se redécouvrir toujours l’un l’autre. «Le risque inverse, c’est de tomber dans des enjeux de pouvoir au sein de la relation.»
«Souvent, avec les couples qui commencent une thérapie, je travaille sur ce qui fait qu’ils se sont choisis l’un l’autre. Sur ces éléments que l’on appréciait énormément au début de la relation et auxquels on ne prête plus forcément autant d’attention au fil des ans, quand la relation évolue», explique Claudia Bezençon. «Quand on arrive à faire parler les personnes de ces liens, on peut obtenir des échanges très riches.»
Préserver son espace
«Pour qu’un couple fonctionne sur le long terme, il faut également trouver un équilibre entre les espaces communs et les espaces personnels. Chacun doit pouvoir se trouver des activités à pratiquer seul ou même de simples moments de ressourcement comme des lectures ou des balades. Il est important que ces moments soient acceptés et même soutenus par le ou la partenaire», précise Valérie Mariani-Petignat. Il va sans dire que le ou la partenaire profite également de son espace à soi. «La vie nous fait changer, celui qui avait besoin d’une grande proximité peut avoir aujourd’hui besoin d’espace», prévient en outre Nicole Rochat. «Ce n’est pas grave, il ne faut pas hésiter à en rediscuter. On est trop souvent, dans la vie quotidienne, enfermés dans des éléments récurrents.»
Se réjouir avec l’autre
«Quand on observe les couples qui fonctionnent bien, on s’aperçoit que la capacité de se réjouir de l’épanouissement de l’autre est important», note Benoît Reverdin, directeur de l’OPCCF.
Se faire comprendre
«Le pasteur Gary Chapman a développé une théorie autour des langages de l’amour. Il prétend que chacun de nous exprime son amour selon une, voire deux, façon privilégiée: parmi lesquelles, les paroles valorisantes, le toucher physique, passer ensemble des moments de qualité, offrir des cadeaux ou rendre des services», explique Nicole Rochat «Chacune et chacun va assez naturellement recourir au mode d’expression auquel lui-même est le plus sensible. Le problème, c’est que ce n’est pas forcément le canal par lequel notre partenaire va comprendre notre amour.» En étant attentif à ces éléments, l’on peut ainsi devenir plus réceptif aux messages de son conjoint, tout comme l’on peut soi-même adapter la façon d’exprimer son amour dans un mode qui lui correspondra mieux. «Cela demande un investissement personnel d’apprendre à ‹parler› le langage de l’autre», souligne Nicole Rochat. «Un exercice: proposer à mon ou ma partenaire d’inscrire par ordre décroissant quels sont ses langages de l’amour privilégiés et qu’est-ce qu’il ou elle suppose être les miens, puis comparer nos réponses», explique la thérapeute. «Quelqu’un qui est sensible au geste d’amour que représente un cadeau, en couple avec quelqu’un qui n’en voit pas le sens, mais qui pourtant multiplie les caresses, pourrait malgré tout ne pas se sentir aimé», explique Nicole Rochat se référant à cette théorie.