Ce que je trouve passionnant dans un ministère comme celui de «La Rosée», c’est de se mettre à la fois à l’écoute de la personne, à l’écoute de Dieu, et à l’écoute de soi, pendant les entretiens. Les moments les plus magnifiques ont été ceux où il y avait une convergence, un point central qui se dégageait de ces différents niveaux d’écoute et qui créait un déclic, qui ouvrait un nouvel horizon dans la vie de la personne accompagnée. C’est de ces moments bénis où il devient évident que Dieu est là et agit. Je me souviens avec émotion que c’est aussi dans un moment comme celui-là que nous avons choisi le nom de «La Rosée», en résonance avec le Psaume 133.

Lors de notre dernière assemblée générale, Christiane Braun, l’une des fondatrices, me disait: «Je suis tellement reconnaissante, il y a eu bien des changements à La Rosée, de lieux, de personnes, d’organisation, mais l’esprit reste.» J’ai été heureuse de l’entendre. L’esprit de La Rosée, comment le définir? Je dirais qu’il est fait de simplicité, de chaleur humaine, de confiance en Dieu, d’une écoute à plusieurs niveaux et d’une vision oecuménique. J’espère que cet esprit va rester pour la suite.

Le temps est venu pour moi de passer le relais, après vingt-deux ans à La Rosée et je suis heureuse qu’Emmanuel Spring, diacre, ait accepté de reprendre ce ministère. Je lui souhaite beaucoup de bonheur. Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui nous soutiennent régulièrement, en particulier le groupe de soutien, le conseil régional et les amis de La Rosée. Que Dieu continue à bénir ce ministère, comme il l’a fait depuis le début.

Pour un amoureux de la nature, la rosée est signe de l’aube, une lumière nouvelle qui est espérance de vie et de joie renouvelée… et c’est ainsi que j’espère mon arrivée à «La Rosée» dans le renouveau du quotidien pour ce lieu d’accueil et d’accompagnement, pour celles et ceux qui en franchissent le seuil, ainsi que pour mon ministère.

Ma vocation diaconale est née dans les camps familles de la Ligue pour la lecture de la Bible, en découvrant l’importance du partage de nos difficultés et de nos joies, de la prière et de la confiance en un Dieu qui nous aime et nous accompagne. J’y ai perçu aussi combien la famille pouvait être force ou fragilité, porteuse de valeurs de vie ou au contraire de souffrances et de blessures; si la famille est bien souvent idéalisée, elle est parfois aussi déstructurante pour notre identité et notre spiritualité.

Avec diverses formations de relation d’aide, que j’ai complétées par un diplôme en systémique de thérapeute de couples et familles, j’ai pu suivre des personnes en situation de crise et les accompagner sur ce chemin où il ne faut pas rester seul. J’ai été touché par ces hommes et ces femmes qui ont eu le courage d’affronter ce qui leur faisait mal ou peur, d’oser un changement important et de découvrir le trésor que Dieu avait placé en eux; je suis donc très heureux de pouvoir continuer le travail qui se fait à La Rosée.

Comme l’a écrit Simone Pacot, auteure de L’Evangélisation des profondeurs: «Ce qui est en jeu, c’est de découvrir en lui que nos impasses intérieures ont toujours une issue de vie.»

Emmanuel Spring