En cette période hivernale, les nuits prolongées, le froid et la grisaille du ciel semblent avoir figé le paysage dans un repos glacial. La nature nous apparait comme repliée sur elle-même. Les arbres, dépouillés de leurs feuilles, paraissent pétrifiés. Dans les jardins, les massifs autrefois flamboyants se sont assoupis. Les parterres de fleurs sont désormais des terrains vierges. Les oiseaux se font rares, leurs chants mélodieux remplacés par le sifflement sporadique du vent.

Et pourtant, nous le savons bien, ce sommeil n’est qu’une apparence. Sous une couverture de silence, la nature prépare discrètement sa renaissance. Les racines, enfouies profondément dans le sol, absorbent les nutriments nécessaires à la survie et à un futur épanouissement. Les graines, cachées sous la terre, attendent patiemment les signes du renouveau. C’est comme si la nature, en se repliant sur elle-même, avait décidé de concentrer son énergie sur ses forces intérieures, retrouvant sa vitalité dans l'intimité de son propre refuge.

Au moment où j’écris ces lignes, le monde politique et économique dans lequel nous vivons me semble également plongé dans un hiver profond.  Les guerres et les catastrophes humanitaires sont figés dans un cycle d’horreur infernal. La crise économique et la hausse des prix agissent comme un vent glacial, pénétrant les foyers et les fondements de la vie en société. Le dérèglement climatique nous laisse désemparé. La solitude, la maladie et le deuil viennent assombrir encore davantage ce tableau déjà glacial.

Face à ce climat des plus austères, le repli sur soi-même semble pour beaucoup l’option à privilégier. Mais plutôt que de démissionner et de fermer les yeux sur les réalités qui nous entourent, ne serait-il pas préférable de nous laisser inspirer par le ressourcement hivernal de la nature ? Les arbres et les plantes nous montrent l’exemple. Certes, il faut lâcher prise quant à ce qui a fait son temps, il faut se protéger et ne pas s’exposer aux vents et au givre. Mais il faut le faire de sorte à mieux puiser de l’énergie dans des ressources profondes, retrouver la vitalité dans ce qui nous importe vraiment, tirer de la force des racines personnelles et spirituelles.

Au premier siècle de notre ère, l’apôtre Paul écrivait aux chrétiens de Corinthe : « Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour, mais la plus grande des trois est l'amour ». Puissions-nous, cet hiver, retrouver force et vigueur dans ces trois racines profondes de notre existence.