«La superficie cultivée a augmenté pour la troisième année consécutive», a noté Jean-Luc Lemahieu, représentant régional d’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), lors de la présentation à Kaboul du rapport conjoint de l'ONUDC et du Ministère afghan de la lutte contre la drogue. On peut partir de l’idée que cette branche économique illégale va gagner en importance à l’avenir.

Selon le rapport, la superficie des champs de pavot est passée de 154 000 hectares l’année dernière à 209 000 hectares cette année, dépassant ainsi le pic de 193 000 hectares enregistré en 2007. La production d’opium a augmenté en 2013 de près de la moitié par rapport à l’année précédente, pour atteindre quelque 5500 tonnes.

L’Afghanistan produit environ 90% de l’opium dans le monde. Pour 2013, on estime la valeur de la production d’opium à la sortie de l’exploitation en Afghanistan à quelque 950 millions de dollars EU, ce qui correspond à environ 4% du produit intérieur brut (PIB) du pays.

Yury Fedotov, directeur d’ONUDC, a demandé instamment qu’on prenne au sérieux le problème de la drogue en Afghanistan. À son avis, une réponse intégrée et globale est nécessaire, impliquant les acteurs de l’aide au développement et les organes de sécurité. Sans cela, le virus de l’opium menace d’aggraver la fragmentation du pays et sa fragilisation du fait des conflits, du clientélisme, de la corruption et de l’impunité.

L’année prochaine, l’OTAN prévoit de retirer ses troupes de combat d’Afghanistan. On s’attend à ce que le retrait des forces internationales entraîne un fléchissement de l’économie du pays. Selon ONUDC, l’augmentation de la violence et de l’insécurité politique rend peu probable une diminution de la culture productrice d’opium. L’Office indique en outre dans son rapport que les provinces de Balkh et de Faryab ont perdu leur place parmi les «régions ne cultivant pas de pavot». Ces dernières sont réduites maintenant à 15, sur un total de 34 provinces.

Sous le régime des Talibans, dans les années 1990, la culture de pavot était strictement interdite. Après la chute du régime, toutefois, les insurgés se mirent à encourager la culture productrice de drogue, dans le but de se servir du profit tiré du trafic de stupéfiants pour financer la lutte armée contre le gouvernement de Kaboul soutenu par l’Occident. L’élection d’un nouveau président est prévue pour avril 2014. (FNA-115)