Ce qui est commun également aux deux hommes, c’est le fait de vivre à une époque de tournant technologique – au 16e siècle l’imprimerie, aujourd’hui Internet. Les deux rebelles, qui ne se ressemblent guère au premier abord, ont commencé par viser une carrière en accord avec le système.

«Si Luther brillait par sa vision théologique, Snowden se distingue par son intelligence technique exceptionnelle», explique l’ancienne vice-présidente du parlement allemand (Bundestag): «Tous deux se sont trouvés propulsés de la même manière au centre de la plus grande puissance publique de leur temps – et cela alors qu’ils étaient encore très jeunes.» Mais, selon la politicienne, c’est précisément leur connaissance approfondie du système qui les a conduits l’un et l’autre à ressentir des conflits intérieurs toujours plus forts.

Antje Vollmer s’élève contre «la surveillance secrète dépassant toute dimension» exercée par l’organisation des services secrets américains NSA: «Il n’y a aucune mesure. Cela ne peut pas continuer éternellement.» Pour elle, le refus du gouvernement fédéral allemand d’accueillir Snowden en Allemagne est une honte: «En particulier des personnalités politiques qui ont connu la vie en Allemagne de l’Est, comme Angela Merkel et Joachim Gauck, devraient pourtant avoir un motif de lutter contre une telle frénésie de surveillance étatique.»

Snowden a montré qu’un seul individu peut faire bouger les choses, ajoute la politicienne: «La résignation, le cynisme et les sentiments d’impuissance – les grands maux de notre époque – ne sont plus de mise.»

L’ancien collaborateur des services secrets a commencé en juin à publier des informations internes toujours plus nombreuses sur un gigantesque programme de surveillance d’Internet par les États-Unis. Les informations dévoilées par le journal britannique «The Guardian», le magazine de Hambourg «Der Spiegel» et d’autres médias ont suscité dans le monde entier des critiques à l’égard du comportement des États-Unis. La justice américaine recherche Snowden pour trahison de secrets d’État. La Russie a accordé l’asile politique au dénonciateur d’abus, dans un premier temps pour un an. (FNA-73)