«Si l’on a l’habitude de travailler ensemble, la distance n’est pas un problème»
La collaboration est un «art subtil» pour lequel la journée d’échanges et de réseautage organisée à Crêt-Bérard, plutôt destinée aux cadres, entend procurer quelques clés. Outre Vincent Ducrot, elle réunira le professeur Jean-François Leroy, qui analysera les tensions entre individualisme et collaboration, le Dr Cinzia Zanetti, qui donnera le cadre théorique d’une bonne collaboration et des pistes pour concilier gestion d’équipe et atteinte d’objectifs, et Christophe Barman, cofondateur de Loyco, qui expliquera comment l’holacratie implique de redéfinir la collaboration. Explications.
Qu’est-ce qui freine, aujourd’hui, la collaboration des équipes dans le monde du travail?
Notre société tend à être plus individualiste. Nous sommes davantage centrés sur nous-mêmes que sur autrui, ce qui a tendance à freiner la collaboration. En soi, l’esprit de compétition est sain et positif dans le monde du travail. Mais lorsque l’on cherche à ce que sa propre idée, vision, ou son projet soit prégnant au détriment de l’intérêt général ou de l’ensemble de l’organisation, c’est un frein. D’autres facteurs, comme la digitalisation ou le télétravail, peuvent accentuer cela… Je crois que tant que l’habitude de travailler ensemble, de collaborer est ancrée, la distance, qu’elle soit physique ou digitale, n’est pas un problème.
Comment définir une bonne collaboration? A quoi voit-on qu’elle fonctionne ou pas? Quels principes la sous-tendent?
Une bonne collaboration naît du respect, de l’écoute, de la confiance en l’autre. Il faut être convaincu que chacun a quelque chose à apporter, que de la confrontation peuvent naître de nouvelles idées. Elle implique d’abord de toujours pouvoir se dire les choses. En ce sens, une culture du feed-back permet de prévenir et de gérer nombre de conflits. Des moments d’analyse aussi: sortir la tête du guidon et prendre le temps de se regarder en tant que personne et en tant que collectif, retravailler ses valeurs. Enfin, une bonne collaboration suppose un cadre clair, avec des objectifs communs énoncés précisément. Les CFF comptent neuf objectifs valables pour nos 35'000 employés! Les effets d’une bonne collaboration se retrouvent dans l’atteinte des objectifs, la satisfaction du personnel et des clients.
En quoi le scoutisme a-t-il nourri votre conception managériale?
De mes 12 à mes 27 ans, j’ai été engagé chez les scouts de Châtel-Saint-Denis, jusqu’au niveau cantonal fribourgeois. Cette formation m’a beaucoup aidé: on discutait énormément des notions de complémentarité, d’équipe, de solidarité. J’en retiens qu’il est essentiel de construire des équipes complémentaires, de pouvoir accorder ses valeurs individuelles à celle de l’organisation et que seul, on n’arrive à rien: c’est l’équipe qui fait avancer les choses.
Infos
Jeudi 27 mars. Rencontres Horizon à Crêt-Bérard: L’art subtil de la collaboration.
Informations et inscription sur www.rencontres-horizon.ch.