Un quart de siècle après Oslo, le courage de ceux qui espèrent

Le 13 septembre 1993 à la Maison-Blanche, les accords d’Oslo sont signés. De gauche à droite: Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat / ©KEYSTONE/AP Photo/Ron Edmonds
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Le 13 septembre 1993 à la Maison-Blanche, les accords d’Oslo sont signés. De gauche à droite: Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat
©KEYSTONE/AP Photo/Ron Edmonds

Un quart de siècle après Oslo, le courage de ceux qui espèrent

17 septembre 2018
Les faiseurs de paix 1/5
Vingt-cinq ans après l’accord d’Oslo, des Israéliens et des Palestiniens continuent d’œuvrer avec passion pour la paix. Un engagement précieux alors que leurs peuples n’ont jamais été si loin de la table des négociations.

Cette image, toutes celles et ceux qui s’intéressent un peu au Proche-Orient l’ont à l’esprit. Le 13 septembre 1993 à Washington, deux hommes se serraient la main, entourés des bras protecteurs d’un Bill Clinton radieux: Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP et Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien. La Déclaration de principes qu’ils venaient de signer instaurait un mode de négociations pour régler le conflit israélo-palestinien et posait les bases d’une autonomie palestinienne temporaire de cinq ans. L’avenir qu’elle laissait présager tenait en deux mots: la paix.

Hélas, après l’encre, c’est le sang qui a coulé. L’assassinat de Rabin, la deuxième Intifada et les guerres qui ont suivi ont semblé enterrer toute résolution du conflit. C’est du moins l’impression que donne la région lorsqu’on suit les informations.

Une paix qui n’est pas prioritaire

Il faut dire que la paix n’est pas la première préoccupation des Israéliens. Particulièrement depuis 2011, année où la grogne contre la vie chère s’est transformée en manifestations massives dans tout le pays. «Aujourd’hui, la question d’un règlement du conflit vient en cinquième position, loin derrière la question des écarts socio-économiques», affirme Tamar Hermann, professeure de sociologie et chercheuse à l’Institut israélien pour la démocratie. Et puis, «les Israéliens ont l’impression de ne plus avoir de partenaire dans les négociations», relève-t-elle. Ainsi, deux juifs israéliens sur trois estiment que la plupart des Palestiniens n’ont pas accepté l’existence de l’État hébreu et le détruiraient s’ils le pouvaient, selon l’index de la paix publié en août 2018 par l’Institut israélien pour la démocratie. Par ailleurs, même si une majorité croit qu’il est nécessaire de poursuivre le dialogue avec l’Autorité palestinienne, 72% n’a pas confiance en le président palestinien Mahmoud Abbas.

Une défiance que partagent les Palestiniens eux-mêmes. Ainsi, plus de 60% demandent le départ d’Abbas, désapprouvant fortement son inflexibilité face au Hamas à Gaza, selon un sondage mené début septembre par le Centre palestinien pour la politique et l’enquête d’opinion (PSR) en Cisjordanie et à Gaza. Ils n’ont bien entendu pas non plus confiance en les Israéliens. Ainsi, 57% des Palestiniens interrogés croient que le but réel est de les expulser afin d’établir un État de la Méditerranée au Jourdain.

On l’aura compris, le conflit israélo-palestinien n’est pas près d’être résolu. «À moins qu’un événement majeur survienne tel qu’une guerre qui verrait la défaite des Israéliens, il n’y a aucune raison que les choses bougent. L’occupation des territoires palestiniens ne coûte pas assez cher sur le plan matériel et moral pour que l’État change de stratégie», estime Tamar Hermann.

Une action marginale, mais bien réelle

Vingt-cinq ans après Oslo, la paix est devenue une coquille vide… à part pour ceux qui continuent d’œuvrer pour le jour où elle arriverait. Marginale, leur action a le mérite d’exister et de donner à qui les rencontre une autre vision du conflit, et de l’autre. Il y a ceux qui se battent sur le plan légal contre l’occupation israélienne (Gisha, HaMoked, B’Tselem, le Comité israélien contre les démolitions de maison, Yesh Din et bien sûr, La Paix Maintenant). Ceux qui se réunissent entre anciens militaires et combattants, parfois des deux camps (Briser le Silence, Combattants pour la paix). D’autres encore tels que les Rabbins pour les droits de l’homme ou l’Association de rencontre interreligieuse, qui s’appuient sur leur foi pour s’engager. Sans oublier bien sûr les artistes dont par exemple le chef d’orchestre Daniel Barenboïm qui a créé, avec l’intellectuel palestinien Edward Saïd, le West-Eastern Divan Orchestra réunissant chaque été près d’une centaine de jeunes musiciens d’Israël et de tout le monde arabe. Certaines de ces associations et initiatives sont durement touchées par la récente décision de l’administration américaine de couper toute aide aux programmes de dialogue entre Israéliens et Palestiniens.  

En cette Semaine mondiale pour la paix en Israël et Palestine, Protestinfo vous propose de rencontrer quelques-uns de ces hommes et de ces femmes qui se battent pour qu’un jour, une accolade telle que celle à laquelle le monde avait assisté le 13 septembre 1993 soit à nouveau possible.