Sacrées séries !
Au programme, ce soir-là, j’avais le choix entre une comédie romantique, une énième enquête policière ou le premier épisode d’Ainsi soient-ils. La série proposait de suivre la vie de cinq jeunes séminaristes. Rien de très sexy. Je me suis laissée tenter et suis entrée au séminaire des Capucins le temps d’un épisode.
Séduite, j’y suis restée durant trois Saisons. La formation des futurs hommes d’Eglise n’est pourtant pas ce qui, d’habitude, me passionne. Mes a priori en ont pris un coup. Car ce n’est pas la découverte des coulisses de l’Eglise catholique, mais bien celle des personnages qui m’a transportée. De ces humains, je me suis sentie proche. Proche de leurs doutes, de leurs questionnements incessants et de leurs choix confrontés à la réalité. Cette série, je ne pouvais que l’aimer. Eurêka ! J’ai compris ce qui m’a plu et qui fait le succès de ces œuvres télévisuelles et cinématographiques : elles abordent la religion chrétienne à travers le prisme de nos semblables !
Bien sûr, il y a l’argument écumé des fondements judéo-chrétiens de notre société. Mais au-delà de nos racines, il y a notre besoin naturel de spiritualité. Si l’homme moderne a passé son temps à évacuer par la grande porte toute spiritualité de l’espace public, celle-ci ne pouvait que revenir par le petit écran.
Un média d’ailleurs idéal pour notre époque qui en a fait le prolongement de l’être. «Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui je suis», pourrait-on même esquisser. Apparaît alors à l’écran, avec des traits différents, un humain mis en scène grâce à ces séries. Elles se font le reflet de l’âme, avec ses réflexions et ses questions. Mais ce reflet est rarement complaisant. En tant qu’œuvre de fiction, il nous bouscule, nous pousse à nous interroger sur nos vies.
Je me plais moi aussi à titiller mes semblables. J’aime rappeler que si je n’ai pas lu la Bible en entier, j’y ai pourtant observé un homme parcourir en sandales les chemins de Galilée et en pousser d’autres dans leurs retranchements, hors de leur zone de confort, vers la vie. Il le faisait déjà simplement en racontant des histoires d’hommes.