Davantage de réciprocité, mais pas plus d’argent pour la mission
Samedi 17 novembre à Épendes, les délégués au synode missionnaire ont débattu d’une nouvelle orientation stratégique pour DM-échange et mission (DM). Plutôt que de continuer sur un modèle où les Églises du Nord viennent en aide aux Églises du Sud, le Conseil de l’organisation proposait d’entrer dans une relation de réciprocité où par l’envoi de personnes les communautés du Nord comme du Sud se soutiennent mutuellement. (Notre article de vendredi.) Constatant que le «centre de gravité du christianisme s’est déplacé au Sud», selon la formule de pasteur Étienne Rochat président du Conseil de DM, les Eglise du Nord pourraient bénéficier de forces de témoignage renouvelées.
Projections financières absentes
Si le principe d’une relation davantage basée sur la réciprocité n’a pas provoqué d’opposition, le rapport a malgré tout provoqué une levée de boucliers. Le manque de chiffres et l’absence de coup de sonde quant à cette nouvelle formule auprès des partenaires en sont les principales raisons. «La mission confiée à DM est toujours pertinente», a par exemple relevé Adrien Bridel membre du Conseil synodal (exécutif) de l’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN). «Le document d’orientation stratégique tait les enjeux financiers», a-t-il regretté, avant de proposer de «renvoyer le vote à une date ultérieure, quand le projet sera accompagné d’une planification financière.» La crainte étant que ce projet qui prévoit de nouvelles sources de financement sans spécifier lesquelles ne finisse par impliquer un effort supplémentaire de la part des Églises romandes. Dans une situation financière difficile, «l’EREN ne peut pas augmenter sa contribution», a-t-il insisté.
«Nous ferons avec les finances que vous nous donnerez», a rétorqué Étienne Roulet, assurant qu’il ne s’agissait pas d’alourdir la note pour les Églises, mais simplement de se mettre d’accord sur un objectif général à partir duquel le conseil et la direction pourraient travailler. «J’ai appris une chose aujourd’hui: la différence entre orientation stratégique et stratégie», a reconnu le pasteur bernois Jean-Luc Dubigny, alors que le ministre vaudois Julian Woodford a dénoncé: «on est là en train de faire un travail d’exécutif alors que nous sommes un organe délibérant!»
Davantage de réciprocité
Quant à savoir si les Églises partenaires pouvaient entrer dans une telle démarche, le pasteur Espoir Adadzi s’est montré rassurant. «Ce sont des orientations dans lesquelles nous nous retrouvons. Nous avons besoin de vous en termes de compétences, mais nous nous rendons compte que vous avez aussi besoin de nous», a déclaré celui qui ouvre la voie de ce nouveau mode de fonctionnement puisqu’il est envoyé par une Église togolaise auprès de l’Église protestante de Genève. Finalement, cette nouvelle façon d’envisager la mission a été approuvée par une large majorité de 29 délégués sur 38 présents.
Plus de spiritualité
Les délégations de la Conférence des Églises réformées françaises en Suisse alémanique (CERFSA), de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure et de l’Église évangélique réformée du canton de Fribourg ont demandé à ce que le rôle des paroisses soit revalorisé dans le travail de DM. Elles ont demandé que ce changement de paradigme s’accompagne d’une communication de DM laissant davantage de place à la spiritualité; qu’une plateforme d’échange entre paroisses sur les expériences interculturelles soit créée; que la formation des laïcs au témoignage soit soutenue; et que la prière prenne davantage de place dans le travail du DM.
Enfin, les délégués ont adopté un budget 2019, qui prévoit un déficit avant opération sur les fonds de 147’080 francs sur 3,7 millions de charges. DM puisera donc dans ses réserves pour boucler son budget ce qui permet de «lisser la diminution des prestations auprès des partenaires» sur plusieurs années a expliqué Laurent Venezia responsable administratif de DM.