Au service d’une recherche

Rosemarie Chopard travaille souvent avec de petits groupes d’ados, sur leurs questions fondamentales. / ©EERV/Gérard Jaton
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Rosemarie Chopard travaille souvent avec de petits groupes d’ados, sur leurs questions fondamentales.
©EERV/Gérard Jaton

Au service d’une recherche

Rosemarie Chopard est aumônière au service des mineurs placés. Elle accompagne des enfants éloignés de leur famille pour toutes sortes de raisons. Et les aide à se construire, malgré tout.

Le premier défi pour les aumôniers travaillant au contact des mineurs ? Réussir à établir le contact avec chaque institution… Le canton compte près de 90 lieux d’accueil et de placements différents pour les jeunes séparés de leur famille ponctuellement ou pour le long terme, qu’ils soient nourrissons ou ados, et jusqu’à leur majorité, et même un peu après. « Je constate que dans une institution à vocation laïque, il y a peu ou pas d’espace pour la spiritualité. Pour certains professionnels, ces questions devraient être gérées par la famille », relate Rosemarie Chopard. Famille qui, justement, est en crise.

Pour cette aumônière, formée en partie dans la Presbytarian School of Christian Education de Richmond (Virginie, USA), la spiritualité est évidemment un atout dans la construction d’une personnalité, et contribue à pacifier les relations quotidiennes au sein d’une communauté.

Un droit fondamental

« Prendre soin de cette dimension permet un mieux-être pour l’ensemble d’une collectivité. » Sans compter qu’elle est un droit fondamental, garantie par le code des droits de l’enfant de l’ONU, qui spécifie qu’en cas de placement d’enfant hors de son foyer, c’est à l’institution de prendre soin de cette dimension. Mais la réalité et les contraintes des institutions de placement sont ce qu’elles sont. « Elles ont souvent déjà du mal à assurer les besoins quotidiens », reconnaît volontiers l’aumônière. Lorsqu’elle arrive à surmonter les a priori et la crainte du prosélytisme, elle fait ce qui lui tient à cœur : aborder, avec les jeunes qu’elle peut rencontrer leurs nombreuses questions philosophiques, spirituelles. Leur point commun ? « Ils ont vécu de nombreuses ruptures et blessures dans leur parcours. » Et beaucoup recherchent des réponses par eux-mêmes, en ligne, aussi, évidemment. « Ils se documentent énormément, ils sont intéressés par l’ésotérique : les expériences extrasensorielles, les démons, les superpouvoirs… » Cette quête de surcapacités ou d’images positives « relève peut-être d’un désir d’améliorer sa vie. Car là-dessous se cache souvent le fait d’être harcelé, pointé du doigt parce qu’on n’est pas comme les autres. Face au surnaturel, ils oscillent entre peur et fascination », observe cette spécialiste.

Ouvrir des espaces

Son rôle n’est pas d’apporter des réponses toutes faites, mais « d’ouvrir des espaces » pour ces questions, essentielles. Ensuite, celle qui est aussi thérapeute par le jeu, à titre privé, les aide si besoin à identifier leurs ressources intérieures, à s’y reconnecter.

En savoir plus

L’aumônerie œcuménique cantonale au service des mineurs accueillis en milieu spécialisé (aoemi) compte trois aumôniers. Ils offrent une assistance spirituelle aux institutions dans les situations de crise (accident, suicide, décès). Toute l’année, ils proposent aussi une écoute, des animations autour des questions existentielles, un accompagnement pour la ritualisation d’événements particuliers ou une sensibilisation à l’interreligieux.

Infos : blog et site.