A Dallas, le Covid-19 galvanise les supporters du président
Le dimanche 12 avril, plus de 20 000 Américains ont déjà perdu la vie et plus d’un demi-million ont été contaminés par le coronavirus. Le 12 avril est aussi le dimanche de Pâques. Les six pâtés de maisons que couvrent les bâtiments de la première Église baptiste de Dallas (la First Baptist Church) sont vides. En temps normal, jusqu’à 13 000 paroissiens s’y pressent.
Mais pour le pasteur Robert Jeffress, ce jour de Pâques sonne comme une victoire. Son sermon est diffusé sur le site de l’Église, mais aussi sur celui de la chaîne télévisée Fox News, dont il est par ailleurs un contributeur rémunéré. Tout sourire, il apparaît au pupitre. «Nous avons un invité d’honneur ce matin. Mon ami, notre grand président, Donald Trump! […] Nous vous soutenons, nous vous aimons et nous prions chaque jour pour vous.» Le président américain avait annoncé qu’il regarderait ce dimanche de Pâques le sermon de Robert Jeffress.
Ce dernier est de loin le pasteur évangélique le plus ouvertement en faveur de la politique de Donald Trump. Tout comme ses paroissiens, qui sont «des baptistes traditionalistes sudistes. On compte parmi eux certaines des familles les plus riches de Dallas. Mais la congrégation est relativement mixte», selon Michael J. Mooney, auteur de plusieurs enquêtes sur cette communauté. «Ils ont tous en commun d’être très conservateurs.» Et de soutenir le président sur tout, même quand il se contredit. C’est surprenant, explique Michael J. Mooney. «Ils ont défendu Trump à chaque étape de la crise: quand il n’y croyait pas et parlait de mensonge, quand il a pris le problème au sérieux, et enfin quand il affirmait être le premier à avoir compris que c’était une pandémie.»
Avant son sermon pascal, le pasteur Robert Jeffress était invité par Fox News: «Les gens ont envie d’avoir de l’espoir. Nous vivons dans l’illusion d’être en contrôle de nos vies, mais nous ne le sommes pas», insistait-il. «Les gens souffrent. 20 000 Américains sont morts (du coronavirus). La Bible ne nie pas que la mort soit horrible… Mais elle est temporaire.» Et toujours, ce sourire.
La foi et la science
Pour faire face, ces conservateurs trouvent de l’espoir dans leur foi donc, mais aussi dans la science et dans leur gouvernement. «Il n’y a aucune tension entre les trois», explique John Fea depuis son bureau de professeur d’histoire au Messiah College. «Normalement, ils rejettent la science, mais pendant cette crise, ils suivent les recommandations du docteur Anthony Fauci.» (NDLR, l’immunologiste qui épaule l’équipe présidentielle.) John Fea connaît bien les évangéliques, il en est d’ailleurs un, et a écrit un ouvrage sur leurs soutiens à Donald Trump**. Alors, ce que dit le pasteur Robert Jeffress ne l’étonne pas: «Face à nos peurs, nos anxiétés, la réponse pour un évangélique se trouve dans la vie spirituelle et la croyance en la présence de Dieu.» Mais l’espoir de ces croyants vient aussi de Washington. Pour les membres de la First Baptist Dallas, Donald Trump est envoyé par Dieu pour les guider dans cette épreuve. «Une sorte de Cyrus le Grand, un instrument de Dieu pour la libération de son peuple.» Alors, même si seulement 23% des évangéliques considèrent que Donald Trump est honnête***, il reste sans conteste leur champion.
* Sondage effectué alors que les Etats-Unis enregistraient leurs premiers décès, et que l’état d’urgence nationale était décrété.
** Believe me, the evangelical road to Donald Trump.
*** Sondage du Pew Research Center mené entre les 10 et 16 mars sur 8 914 adultes américains.
A suivre
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