Le Centre social protestant regarde vers l’avenir
Avec 70 collaborateurs et 110 bénévoles principalement actifs dans les Galetas vaudois (vente d’objets de seconde main), le Centre social protestant Vaud (CSP Vaud) est un acteur social incontournable du canton. Parmi ses principaux partenaires, l’Eglise réformée vaudoise, qui lui apporte toujours un précieux soutien financier par le biais d’une subvention et des collectes des paroisses. De cet ancrage protestant, le CSP Vaud garde des valeurs, dont la solidarité et l’autonomie, qui s’inscrivent toujours encore dans les innovations que l’association compte mettre en place.
Quelle évolution observez-vous dans les publics que vous suivez ?
BASTIENNE JOERCHEL Je suis à ce poste depuis cinq ans et toujours frappée par le fait que l’on travaille à 70% avec des personnes qui ont un emploi et un revenu. Nous ne touchons pas une population désocialisée et hors du système. Historiquement, le CSP Vaud a toujours eu une attention pour les familles, ainsi que les personnes seules avec des enfants à charge, un public toujours très présent. On observe cependant une évolution, avec de plus en plus de jeunes en difficulté. C’est dû à l’augmentation de la précarisation des familles. L’éclatement de la constellation familiale est aussi un problème.
Comment le CSP Vaud répond-il à ces nouveaux besoins?
Nous avons toujours eu une attention pour les jeunes en formation (18-25 ans). En 2020, avec l’aide du canton de Vaud, nous avons développé un soutien sociojuridique pour des jeunes dans le Nord vaudois. Cette aide n’existait qu’à Lausanne auparavant. Les situations de surendettement, d’une manière générale, sont en hausse depuis quelques années dans le Nord vaudois et dans le Chablais.
En quoi l’approche du CSP Vaud, par rapport aux services sociaux étatiques, est-elle aujourd’hui encore imprégnée de valeurs protestantes?
Nous sommes une association privée laïque, indépendante et ouverte à tous. Durant 18 mois, notre équipe a travaillé sur ses valeurs et ses missions; et le «P» de protestant, s’il a été questionné, n’a pas été remis en question. Il se retrouve dans certaines valeurs. La solidarité bien sûr, la justice sociale, le non-jugement, la bienveillance, mais aussi la participation. Celle-ci a deux dimensions: participation de l’équipe, d’abord (le CSP fonctionne sans cadre intermédiaire, NDLR). Mais aussi de nos bénéficiaires, que nous aimerions davantage «empouvoirer», pour leur donner toujours plus leur mot à dire. (Traduction française de l’empowerment, l’empouvoirement consiste à faire en sorte que chacune et chacun puisse reprendre le contrôle de sa vie, NDLR). Nous n’avons par exemple jamais accueilli un bénéficiaire autour de la table quand nous définissons un programme! C’est une piste que nous voudrions explorer.
Jusqu’où peut-on intégrer des personnes aidées pour les responsabiliser?
Nous n’avons pas de recettes toutes faites, il faut trouver le chemin ensemble. C’est l’objet de la conférence du 7 octobre (voir encadré) qui sera suivie d’ateliers animés par des bénéficiaires d’aide sociale. Au fond, cette conviction qu’il faut autonomiser au maximum les personnes est très en accord avec l’air du temps: l’époque n’est plus aux décisions imposées par le haut, mais à la coconstruction.
Un mois d’événements
Parmi les multiples rendez-vous prévus par le CSP Vaud jusqu’au 21 novembre, une conférence sur «La participation des publics du travail social: intérêts et enjeux», par Caroline Reynaud et Sophie Guerry, professeures associées HES-SO de la Haute Ecole de travail social de Fribourg, le 7 octobre à 14h au Casino de Montbenon.
Infos, dons et inscriptions : www.csp.ch/vaud/60ans.