En Suisse, la famille est un lieu de «solidarité naturelle» entre ses membres. Pour les politiques publiques de notre pays «l’État ne doit prendre le relais qu’en dernier recours», rappelle dans un communiqué l’association CSP.ch, qui regroupe le Centre social protestant (CSP) de Genève, Vaud, Neuchâtel et Berne-Jura. De par leur expérience de terrain, ces différentes organisations cantonales remarquent toutefois que nombre de familles – y compris de la classe moyenne inférieure – ne parviennent plus à assumer ce rôle de premier maillon de solidarité. Fragilisées par la pandémie, les familles doivent aujourd’hui affronter inflation et pénurie d’énergie, préviennent les CSP. 

«Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que les familles peuvent être confrontées à une forme de violence administrative: les aides ne sont pas adaptées aux familles contemporaines et à leurs problématiques, encore moins face aux évolutions parfois rapides du contexte socio-économique», relève Bastienne Joerchel, présidente de l’association CSP.ch et directrice du CSP Vaud, citée dans le communiqué. CSP.ch pointe également du doigt «la complexité et l’inadéquation» des dispositifs d’aide existants. 

L’expérience de terrain des CSP permet de dénoncer un système opaque que les potentiels bénéficiaires ne peuvent comprendre qu’avec l’aide d’un professionnel, incapable de répondre aux situations de crises. Plusieurs assurances sociales ne répondent ainsi pas à la diversité des cas de figure concernant la prise en charge partagée d’un enfant. Quant aux familles nombreuses, elles sont mises en difficulté par le fait que le calcul du minimum vital (montant minimal qui doit être mis ou laissé à disposition d’une famille en difficulté) se fait selon une échelle dans laquelle les augmentations prévues pour chaque enfant supplémentaire sont inférieures aux coûts réels. 

En conséquence, à l’occasion de sa campagne annuelle, autour du slogan «la précarité a un visage, la solidarité aussi», CSP.ch adresse les recommandations suivantes aux autorités des différents cantons: «Adapter les subsides d’assurance maladie à l’augmentation annoncée des primes en 2023; indexer au plus vite les forfaits d’entretien à l’évolution du coût de la vie; introduire des prestations complémentaires destinées aux familles dans les cantons qui n’en disposent pas; revoir les critères d’octroi des aides pour les adapter ou les compléter en cas de crise individuelle ou conjoncturelle, sur le modèle proportionnel mis en place dans le canton de Vaud pour les subsides à l’assurance maladie; soutenir en temps de crise la classe moyenne inférieure, dont les revenus se situent juste au-dessus des barèmes d’aide publique, par une aide d’urgence.