Le synode missionnaire des Églises Réformées de Suisse romande s’est tenu samedi dernier. Il a pris une décision assez fondamentale de «réorientation de la mission». Partant du constat que le centre de gravité du christianisme s’est clairement déplacé au sud, que les Églises du nord ont besoin d’intuitions, d’élans qui viennent d’ailleurs, les délégués de ce synode ont entériné le principe d’une relation égalitaire avec leurs partenaires du sud. Depuis longtemps la mission, ce n’est plus l’Évangile que l’on va prêcher au sud, c’est plutôt un soutien, des prestations qui partent de nos contrées vers celles du sud, dans la logique de l’aide au développement, avec un centre de gravité qui est toujours resté au nord. Leur décision consiste à clairement retourner la carte du monde pour en déplacer le centre de gravité.

La pénurie de vocations (encore modeste en Suisse) n'est pas à l'origine de ce choix. L’idée n’est pas de compenser une crise des vocations en faisant venir des pasteurs du sud, mais de rechercher à rééquilibrer la relation. Ce qui a sans doute joué un rôle c'est la migration. En observant le dynamisme des communautés africaines ou asiatiques ici en Europe, en mesurant aussi la complexité posée par l’accueil des migrants, dont beaucoup sont des chrétiens, les Églises protestantes ont estimé que le temps était venu de changer de paradigme.

Concrètement les Églises vont demander à leurs partenaires du sud si elles peuvent leur envoyer des personnes du nord pour les aider à mieux accomplir leur service auprès de la population. Interrogé par nos confrères de Protestinfo, le pasteur Nicolas Monnier, secrétaire général du DM Echange et Mission, a commenté la décision en ces termes : « La montée des populismes et affirmations identitaires exclusives en Occident, milite en faveur de contre-feux mettant en avant la dimension centrale de la diversité des cultures ».